L’état des données humanitaires ouvertes en 2021

  • 31 mars 2021

Nous avons interrogé David Megginson, responsable des normes au Centre for Humanitarian Data de l’OCHA, au sujet du dernier rapport publié par le Centre : L’état des données humanitaires ouvertes en 2021.

Quelles informations contient le rapport sur l’état des données humanitaires ouvertes en 2021 ?

Ce rapport permet de mieux connaître les données disponibles pour éclairer les opérations humanitaires à travers le monde, et de mettre en évidence les lacunes existantes. À la lumière de la deuxième édition de ce rapport, il apparaît que des données pertinentes, complètes et opportunes sont essentielles pour comprendre les crises humanitaires actuelles et anticiper celles à venir.

Dans son rapport, le Centre for Humanitarian Data estime qu’au début de l’année 2021, seulement 51 % de données pertinentes et complètes au sujet des crises sont disponibles pour les opérations humanitaires en cours dans 27 régions du monde.

Quelles ont été les données utilisées pour l’élaboration de ce rapport ?

Nous avons utilisé les données disponibles sur la plateforme d’échange de données humanitaires (HDX) de l’OCHA. En tant que principal source de données humanitaires, cette plateforme est en effet un moyen utile pour mesurer les flux de données à l’échelle mondiale.

Nous avons utilisé les grilles de données de la plateforme HDX au sujet des opérations humanitaires en cours dans 27 régions du monde. Ils rassemblent les données de crise les plus importantes dans six catégories : personnes affectées ; coordination et contexte ; sécurité alimentaire et nutrition ; géographie et infrastructure ; santé et éducation ; et population et socioéconomie.

HDX data grids.png

La plateforme d’échange de données humanitaires (HDX) de l’OCHA propose des grilles de données sur 27 opérations humanitaires.

Pour chaque opération humanitaire, les grilles de données mettent en évidence le caractère « exhaustif » des données disponibles, réparties en trois catégories :

Data Grid HDX

Quel a été le rôle des données de l’IITA dans cette évaluation de la disponibilité des données humanitaires ?

Au début de l’année 2021, nos grilles de données se fondaient sur les ensembles de données de 32 sources, dont l’IITA. Les données relatives aux activités (projets) de l’IITA entrent dans la catégorie Coordination et contexte, dans la sous-catégorie appelée « 3W » (qui, quoi, où). La principale source d’informations au sujet des activités menées provient des rapports d’activité dits des 3W (répondant à la triple question « Qui ? Quoi ? Où ? ») recueillis par l’OCHA pour le compte de ses équipes de pays pour l’action humanitaire. Nous complétons ensuite ces rapports avec les données de l’IITA.

Le Centre a pu inclure des données de l’IITA dans ce rapport grâce à une collaboration avec l’équipe technique de l’IITA en 2019. Ensemble, nous avons produit des vues simplifiées par pays des données de l’IITA en utilisant le langage d’échange humanitaire (HXL), un format de feuille de calcul que tout le monde peut ouvrir ou modifier facilement.

Nous utilisons les données de l’IITA dans la plateforme d’échange de données humanitaires de l’OCHA car elles fournissent des informations pertinentes et utiles aux opérateurs humanitaires.

L’IITA était mentionnée dans l’étude de cas sur le Mali présentée dans le rapport. Quel était l’apport des données de l’IITA dans cette étude de cas ?

Nous avons intégré cette analyse approfondie du Mali afin de montrer le type d’ensembles de données individuels inclus dans une grille de données (p.17). La grille de données pour le Mali du HDX comprend des données sur les activités de l’IITA dans la catégorie Coordination & Contexte, et les données de l’IITA ont contribué à ce que le Mali atteigne le plus haut degré de complétude des données (à égalité avec le Tchad à 70 %) parmi les 27 sites à l’étude.

En quoi les données de l’IITA sont-elles utiles aux personnes travaillant dans le domaine de l’action humanitaire ?

Nous utilisons les données de l’IITA dans la plateforme d’échange de données humanitaires de l’OCHA, car elles fournissent des informations pertinentes et utiles aux opérateurs humanitaires. Même si nous utilisons les rapports 3W de l’OCHA comme principale source d’informations sur les activités dans HDX, l’IITA y apporte un complément utile à quatre égards :

  1. elles couvrent à la fois des activités de développement et des activités humanitaires, présentant ainsi le contexte plus large de la coordination à l’échelle des pays ;
  2. elles sont mises à jour en permanence et peuvent donc offrir des informations plus récentes que certains rapports 3W ;
  3. elles incluent les activités d’organisations œuvrant en dehors du système de coordination des Nations Unies ;
  4. elles sont disponibles pour tous les pays, même ceux n’ayant pas d’intervention humanitaire active.

Quels progrès avez-vous réalisés en matière d’utilisation des données de l’IITA dans HDX à la suite du pilote de 2019 ?

Nous avons accompli d’importants progrès : nous disposons d’un ensemble de données de l’IITA à jour pour chaque pays, par exemple concernant l’aide actuellement déployée au Venezuela. Afin de garantir la pertinence des données pour les acteurs de l’humanitaire, nous les simplifions au format feuille de calcul et n’incluons que les activités en cours, et non les activités passées/achevées ou futures/planifiées.

Y a-t-il du nouveau concernant l’avancement du pilote mené par le Centre for Humanitarian Data visant à intégrer les données de l’IITA au sein du Service de surveillance financière de l’OCHA ?

Nous avons précédemment réalisé un pilote qui a montré que les données de l’IITA peuvent être assimilées sous forme de données semi-automatiques pour le Service de surveillance financière de l’OCHA. Il était prometteur de constater que, pendant le pilote, les organisations qui publient des données au format de l’IITA étaient désireuses de s’investir et d’apporter à leurs données les modifications nécessaires pour en permettre l’intégration. Le Service de surveillance financière étudie actuellement comment se servir de ce pilote comme tremplin pour élargir le recours à l’IITA en tant qu’outil de reddition de comptes sur le financement de l’action humanitaire.

Comment l’IITA peut-elle continuer d’être utile aux utilisateurs de données humanitaires ?

Nous entretenons avec nos parties prenantes un dialogue continu pour savoir comment nous pourrions améliorer l’utilité des données de l’IITA pour les acteurs de l’humanitaire. Il est important que les organisations publient leurs données en appliquant les orientations humanitaires de l’IITA.

En particulier, je souhaiterais souligner que les organisations

  • doivent utiliser le marqueur humanitaire de manière systématique et cohérente,
  • inclure les codes sectoriels humanitaires (sector vocabulary 10) ainsi que les codes sectoriels du Comité d'aide au développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (sector vocabulary 1 et 2),
  • publier des données actualisées, et enfin partager la géolocalisation infranationale de leurs activités (les données humanitaires sont généralement géolocalisées au moins au niveau administratif 2 au sein d’un pays).

En appliquant ces principes, les organisations peuvent considérablement augmenter l’utilité de leurs données de l’IITA pour les acteurs de l’humanitaire.

Lire le rapport du Centre for Humanitarian Data de l’OCHA : L’état des données humanitaires ouvertes en 2021.

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