Utilisation des données de l’IITA au Bangladesh

  • 19 février 2016

Cet article a été rédigé par MarMark Broughk Brough et Matt Geddes, qui soutiennent les efforts du gouvernement du Bangladesh et du PNUE visant à doter le système bangladais de gestion de l’information sur l’aide d’un module d’importation de l’IITA.

Le Bangladesh est depuis longtemps l’un des défenseurs de l’IITA – Vice-président du Comité directeur et membre de l’Initiative depuis plus de cinq ans, il a également versé 100 000 dollars US au Secrétariat. Sa décision d’utiliser les données de l’IITA pour améliorer son système de gestion de l’information sur l’aide (SGIA) n’est donc pas une surprise.

Le SGIA ayant été développé à l’échelle locale, le gouvernement bangladais détient son code source et peut donc, à loisir, y apporter toute modification ou amélioration nécessaire de manière souple et économique. Avec l’aide du PNUD, une société informatique locale renommée (Technovista) a été chargée de mettre au point un système simple d’utilisation permettant l’importation des données de l’IITA dans le SGIA.

Disposer de données de qualité : un défi pour tous les SGIA
Les SGIA sont non seulement des outils importants pour obtenir des informations sur la coopération au service du développement au niveau national, mais également des plateformes essentielles à la coordination et à la surveillance des activités financées et mises en œuvre par un grand nombre d’acteurs. Ils doivent donc manier des données de base sur les projets planifiés et mis en œuvre par l’ensemble des acteurs.

La saisie manuelle des données demandant du temps et des efforts, la qualité des données s’en ressent. La disponibilité croissante des données de l’IITA constitue une occasion de diminuer la charge de travail que représente la saisie manuelle et de soumettre des données de meilleure qualité à l’analyse des parties prenantes dans les pays bénéficiaires.

Défis posés par l’utilisation des données de l’IITA
Aujourd’hui, de nombreuses données sont publiées conformément à la norme de l’IITA. C’est pourquoi l’utilisation très limitée des données de l’IITA dans les systèmes nationaux soulève des questions. Sans compter la frustration ressentie par les organisations qui ont alloué des ressources considérables à l’IITA  et à la publication de leurs données. Notre mission au Bangladesh consiste à identifier les difficultés auxquelles se heurtent les pays partenaires les plus impliqués :

Complexité du système de l’aide : Les systèmes nationaux doivent pouvoir gérer le fait qu’un même projet fasse l’objet de communications émanant de multiples organisations aux différentes perspectives. L’IITA encourage la multiplicité des sources d’information étant donné que les signataires fournissent des données indépendamment les uns des autres et qu’un éventail nettement plus large d’organisations (dont les responsables de la mise en œuvre) peuvent publier des données. Cette complexité est inhérente au système de l’aide – où les fonds sont souvent  mis en commun ou circulent d’une organisation à une autre – et où l’existence de multiples sources d’informations s’avère très avantageuse. Néanmoins, dans le cadre de l’IITA, la charge de travail relative à la coordination (suppression des doubles comptages) revient actuellement, en aval, à l’utilisateur final. Une utilisation correcte des éléments de traçabilité de la norme de l’IITA par un nombre plus élevé de signataires améliorerait nettement la situation. Dans un avenir proche, l’interprétation des données de l’IITA dans les SGIA devra être assurée par des personnes – en particulier le personnel des bureaux de pays donateurs.

Multiplicité des approches des donateurs concernant la publication des données de l’IITA : La qualité des données est une notion vague qui varie sensiblement en fonction du but recherché et du ou des destinataires. Au niveau des pays, elle concerne principalement l’identification de l’organisme de mise en œuvre et la disponibilité de traductions dans la langue nationale. Les donateurs communiquent parfois des informations à l’aide de données financières agrégées, ne regroupent pas toujours les données dans des projets reconnaissables ou les publient trop rarement pour qu’elles soient utiles.

Nous ne mettrons pas au point de solutions spécifiques à chaque donateur pour régler ces problèmes. Nous envisageons plutôt de contacter les donateurs concernés et de leur faire part de ces difficultés en les encourageant à y remédier. Il est dans leur intérêt de traiter ces questions : l’importation des informations évitera la ressaisie manuelle des données et entraînera un gain de temps important pour le personnel. La prochaine publication de l’Indice de la transparence de l’aide 2016 de Publish What You Fund devrait également contribuer à recentrer les esprits sur la qualité des données.

En raison de ces problèmes, les données de l’IITA ne parviennent pas encore aux pays bénéficiaires de manière aussi fluide qu’on pourrait l’espérer. Cela ne nous empêchera cependant pas d’utiliser la profusion de données de qualité disponibles à l’heure actuelle. La solution que nous avons retenue consiste à développer une interface permettant à l’utilisateur de prendre des décisions éclairées lors de l’importation de données de l’IITA, expliquant comment et à quel niveau les activités peuvent s’assembler afin de créer des projets intéressants, ajoutant les données manquantes et définissant, au fur et à mesure, le statut des données auprès des interlocuteurs sur place.

Où en serons-nous en mai ?
Notre calendrier de mise au point est aussi serré qu’ambitieux : trois mois ! D’ici là, nous espérons que l’interface permettant d’importer des données provenant de n’importe quelle organisation signataire de l’IITA sera fonctionnelle. Les donateurs devront continuer à publier les données relatives à leurs projets dans le SGIA bangladais, et il leur incombera de déterminer si les données qu’ils publient suivant la norme de l’IITA reflètent fidèlement leurs activités ou s’il est plus judicieux d’utiliser d’autres sources d’information. Nous mettrons à leur disposition des outils leur permettant de prendre ces décisions.

Nous sommes également conscients de l’occasion qui se présente de créer des biens publics à l’issue de ce processus. Technovista met au point un logiciel libre faisant l’objet d’une licence libre et ouverte, qui continuera d’être publié sur Github au fur et à mesure de l’avancement de nos progrès. Un microsite est dédié à la méthode et au processus d’élaboration, ainsi qu’à la documentation y afférente. Nous utilisons également cette plateforme pour recenser les problèmes soulevés par l’utilisation des données des donateurs. Elle sert notamment de point de référence ; nous nous y référons et conseillons aux donateurs de faire de même. Nous espérons en outre qu’elle constituera une ressource utile pour les utilisateurs qui importeront des données de l’IITA dans les systèmes nationaux.

Passer de la collecte de données à l’efficacité de l’aide
2016 sera peut-être l’année où les multiples avantages de l’IITA (réduction de la charge de travail relative à la collecte des données, amélioration de la qualité des données et exploitation de ces dernières pour accroître l’efficacité de l’aide) deviendront manifestes. Nous travaillons d’arrache-pied pour que cela soit le cas au niveau national et serons heureux de rendre compte du respect de nos engagements lors de la réunion de l’Assemblée des membres prévue en juin.

Nous ne pouvons travailler qu’avec les données disponibles – certains donateurs doivent encore rattraper leur retard et améliorer la qualité des données qu’ils publient. Mais compte tenu de la profusion des données de qualité déjà disponibles, il est grand temps de les utiliser – et de récompenser les donateurs qui ont effectivement réduit la charge de travail.