Entretien : le Centre pour les données humanitaires, au sujet de son tableau de bord de la COVID-19

  • 10 mars 2022

Nous nous sommes entretenus avec Steven Flower, spécialiste technique de l’IITA au Centre pour les données humanitaires, au sujet du tableau de bord de la COVID-19 de ce dernier.

Quelles données sont disponibles dans le tableau de bord du financement lié à la COVID-19 de l’IITA ?

Le tableau de bord met à disposition des données et des visualisations au sujet des engagements financiers et des dépenses en lien avec la COVID-19. Il affiche les chiffres agrégés, avec des répartitions par pays, secteur et signataire, mais également en termes de tendances au fil du temps et de flux inter-organisations spécifiques.

Nous utilisons les données de tout signataire de l’IITA qui respecte les orientations en matière de COVID-19 de l’Initiative. Le tableau de bord se met à jour automatiquement toutes les nuits : ainsi, si une organisation ajoute des informations sur la COVID-19 ou annote ses données avec des informations sur la COVID-19, ces dernières seront incluses sans qu’elles n’aient besoin de nous en informer !

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur la rubrique Histoire de données du tableau de bord ?

Nous souhaitions atteindre un public plus large au travers d’une histoire visuelle qui mettait en avant des informations spécifiques obtenues à partir des données. Cela inclut le suivi de la réponse à la pandémie de la part des signataires de l’IITA, de l’écart de distribution entre l’argent engagé et l’argent dépensé, et des différents secteurs ciblés pour le financement en matière de COVID-19. Nous espérons que les histoires de données pourront constituer un point de départ pour des personnes qui ne connaissent pas forcément l’IITA.

Pourquoi le Centre a-t-il décidé de créer ce tableau de bord, et pourquoi avez-vous utilisé uniquement des données de l’IITA ?

Un prototype initial du tableau de bord a été créé en mai 2022 à la demande du flux de travail sur la transparence du Grand Bargain. Le travail a été entrepris par Development Initiatives, et en particulier par Mark Brough. Avec le soutien et les encouragements de l’USAID, nous avons cherché à améliorer la convivialité de l’outil, mais aussi la manière dont les données étaient évaluées et traitées.

Au cours de notre phase de recherche sur les utilisateurs, nous avons découvert que les gens confondaient parfois l’IITA et le Service de surveillance financière. Nous avons donc décidé d’utiliser uniquement les données de l’IITA pour concentrer l’attention. Cela nous a également permis de cibler notre rapport et nos recommandations en vue de l’amélioration de l’IITA.

D’où avez-vous accédé aux données de l’IITA ? Comment avez-vous décidé de la méthodologie à utiliser pour le traitement des données ?

Ce qui est fantastique avec les données de l’IITA c’est qu’elles sont publiées sur de nombreuses années et offrent ainsi une grande précision. Même si nous avons réalisé le lancement public du tableau de bord en octobre 2021, les données réelles commencent au début de la pandémie, au début 2020, nous donnant ainsi le périmètre nécessaire pour observer les changements au fil du temps.

Nous avons accédé aux données de l’IITA depuis d-portal.org, plus particulièrement grâce à l’excellent système de back-end d-query, ce qui nous a permis d’économiser des ressources à la fois en terme de collecte et de stockage de l’ensemble des données de l’IITA. Sans cela, nous aurions passé beaucoup de temps à construire des infrastructures non nécessaires, qui auraient existé en double.

Notre méthodologie s’est axée sur l’utilisation des données de l’IITA une fois transmises par le service d-query. Nous nous sommes principalement intéressés aux aspects financiers des données de l’IITA, et avons donc passé beaucoup de temps à analyser ceux-ci. En tant qu’équipe, nous avons beaucoup appris, en particulier les membres qui ne connaissaient pas l’univers de l’IITA. Nous souhaitions faire en sorte de traiter les données de manière équitable, cohérente et claire.

Avez-vous reçu des feedbacks sur les exemples d’utilisation de ces données ? Qu’est-ce qui intéresse leurs utilisateurs ?

Nous sommes certains qu’obtenir des renseignements clés sur les données est d’une grande utilité. La possibilité de partager avec d’autres collaborateurs les informations que les données de l’IITA peuvent générer suscite un enthousiasme considérable, particulièrement en matière de tendances au fil du temps et de flux de financement intra-organisations.

Nous savons également que le tableau de bord sert de poste de contrôle utile de la qualité des données pour les organisations de l’Initiative. En regardant la manière dont les données apparaissent dans le tableau de bord, à l’aide de notre méthodologie, il est possible de repérer les incohérences, erreurs ou anomalies. Il a également été signalé que la possibilité de comparer rapidement les données avec celles d’autres organisations peut également aider cet exemple d’utilisation.

Les choses ont-elles changé depuis le lancement du tableau de bord ?

Oui ! En novembre, nous avons constaté un immense pic dans les données, si bien que le système a failli tomber en panne ! Nous avons vérifié les données de l’IITA et avons découvert qu’un signataire avait ajouté la COVID-19 à la majorité de ses descriptions d’activités, car la réponse à la COVID-19 faisait désormais partie de son principal Cadre de résultats.

Nous nous sommes donc dit que l’utilisation de la description de l’activité seule pour signifier qu’un élément était lié à la COVID-19 n’était plus justifiée. Nous avons ajusté notre méthodologie, et continuons à surveiller ces aspects.

Le Centre a publié un rapport sur son expérience de l’utilisation des données de l’IITA liées à la COVID-19. Pouvez-vous nous faire part de ses principales conclusions ?

L’utilisation de données de l’IITA spécifiquement axées sur la COVID-19 a été extrêmement utile, mais nous avons également trouvé des thèmes plus larges qui s’appliqueraient dans tous les cas. Voici quelques éléments clés à retenir :

  • Les obstacles à l’utilisation des données de l’IITA sont importants. Il peut s’agir de l’accès aux données, ou encore de problèmes de complexité ou d’incohérence de la part des signataires. L’utilisation des données de l’IITA nécessite de l’énergie et des ressources.
  • Les boucles de feedback au sujet de la manière dont les données de l’IITA sont publiées et utilisées sont insuffisantes.
  • Les signataires s’intéressent surtout à leurs propres données. Si c’est compréhensible, un renforcement de l’utilisation des données inter-organisations pourrait mener à une collaboration bénéfique ; c’est d’ailleurs, par de nombreux aspects, l’intérêt de disposer d’une norme commune.
  • La norme de l’IITA peut parfois être trop rigide.

Vous avez identifié plusieurs recommandations pour l’IITA dans le rapport. Lesquelles souhaiteriez-vous souligner/placer en priorité ?

Trois recommandations de haut niveau se dégagent concernant la manière dont l’IITA pourrait combler ses lacunes pour parvenir à un niveau supérieur ambitieux :

  • La gouvernance menée par l’utilisateur doit être étudiée et intégrée. Les informations que les données de l’IITA peuvent communiquer représentent une immense source d’intérêt et d’engagement, mais l’Initiative n’a toujours pas trouvé le moyen d’intégrer le feedback des utilisateurs.
  • Les orientations et la documentation doivent être axées sur les cas d’utilisation et fournir des exemples pratiques.
  • Toute tentative de classer la qualité des données doit prendre en compte la manière dont une organisation illustre l’utilisation des données collective et systématique.

Nous espérons que notre rapport sera utile aux parties prenantes concernées. Nous avons hâte de coopérer avec la communauté de l’IITA pour apporter des améliorations à la norme et aux orientations afin de permettre aux utilisateurs de recueillir facilement des renseignements et ainsi prendre des décisions plus rapidement.

Le travail du Centre sur le tableau de bord de financement de la COVID-19 de l’IITA peut-il être reproduit dans le contexte d’une autre crise ou d’un autre sujet humanitaire ?

Oui, la méthodologie n’est pas spécifique aux périodes de crises, et peut donc être déployée pour d’autres sujets. Nous testons cet aspect avec plusieurs autres requêtes afin de comprendre les résultats et d’observer si nos recommandations s’appliquent également à d’autres types de données de l’IITA.

Pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet ou le travail futur prévu par le Centre en matière de données de l’IITA ?

Nous prévoyons de continuer à dialoguer avec la communauté de l’IITA et espérons que nos recommandations auront une influence sur les personnes qui gouvernent la norme. Le Centre publie des données de l’IITA au sujet de ses propres activités, et contribue également à la mise à disposition de données sur l’activité d’aide de l’IITA sur le site Humanitarian Data Exchange. Nous soutenons également l’équipe des relations avec les donateurs de l’OCHA pour l’aider à améliorer sa production de rapports liés à l’IITA.

Pour plus d’informations, regardez Steven Flower, le spécialiste de l’IITA du Centre, présenter les enseignements tirés du suivi des données de l’IITA liées à la COVID-19 lors des échanges virtuels de la communauté de l’Initiative (12-13 octobre 2021).

Actualités associées