Défi de recherche de l’IITA pour les journalistes : annonce du lauréat 2018

  • 11 mars 2019

Pour célébrer la Journée internationale de l'accès universel à l'information (JIAUI) de 2018, l’IITA, le PNUD et l’UNESCO ont lancé conjointement le Défi de recherche de l’IITA pour les journalistes, organisé sous l’égide de Christophe Deloire, Secrétaire général de Reporters sans frontières.

Christophe Deloire

Christophe Deloire, Secrétaire général de Reporters sans frontières et mécène du concours

De jeunes journalistes âgés entre 15 et 25 ans étaient encouragés à étudier les données de l’IITA, à enquêter sur des questions de leur choix liées au développement, et à écrire un article à partir de leurs constatations. Le thème du Défi était le suivant : « Comment l’aide et d’autres ressources externes sont utilisées pour parvenir au développement durable ? ». La réponse à cette question doit s’appuyer sur les données publiées suivant la norme de l’Initiative internationale pour la transparence de l’aide. L’objectif de ce concours était de promouvoir l’accès universel à l’information et de souligner la richesse des données sur les finances et résultats liés au développement, régulièrement publiées suivant la norme de l’IITA par plus de 950 organisations à travers le monde.

Lauréat du concours – Farai Matiashe, Harare (Zimbabwe)

Farai Matiashe

Avec son article, Farai Matiashe a remporté le Défi de recherche de l’IITA pour les journalistes de 2018.

Après avoir examiné de nombreux articles provenant de différentes régions, notre jury de sélection a eu le plaisir d’annoncer que Farai Matiashe, originaire de Harare (Zimbabwe), avait été désigné comme lauréat. Sur la base des critères préétablis, le jury a décidé à l’unanimité d’attribuer la meilleure note à son article. Nous tenons à féliciter Farai, à qui nous avons hâte de remettre le prix du concours, un ordinateur portable, à l’occasion d’une petite cérémonie qui se tiendra d’ici peu à Harare.

À l’annonce de la nouvelle, Farai Matiashe a déclaré : « Grâce aux données de l’IITA, les journalistes peuvent suivre non seulement les fonds dépensés par les organisations auprès des communautés, mais également les progrès vers la réalisation des ODD dans ces mêmes communautés, et ce, sans avoir à se rendre auprès des organisations mais en consultant tout simplement un site Internet. »

« Les données de l’IITA permettent aux journalistes de suivre les fonds dépensés par les organisations auprès des communautés. »

« En tant que journaliste, j’ai le sentiment qu’il est de mon devoir d’aider les experts et les décideurs à communiquer avec le grand public au sujet des ODD. C’est dans cette optique que j’ai participé au Défi de recherche de l’IITA, dans le cadre duquel j’ai pu suivre l’avancée de World Vision Zimbabwe sur la voie des ODD. »

Christophe Deloire (Reporters sans frontières), l’IITA, le PNUD et l’UNESCO tiennent à remercier tous les participants au concours. Nous avons en effet pris plaisir à lire tous les articles de qualité qui nous ont été soumis.


Meilleur article : À travers ses efforts d’autonomisation, World Vision Zimbabwe entend faire tomber les obstacles gênant l’amélioration de la situation des femmes et des jeunes filles.

L’accès des Zimbabwéennes à l’éducation est limité, principalement à cause de la pauvreté, mais aussi en raison d’un patriarcat qui n’apprécie pas l’idée que les femmes acquièrent une éducation.

Certains groupes comme les sectes apostoliques voyaient les femmes comme des procréatrices, justifiant ainsi leur mariage à un âge précoce, une pratique les obligeant à abandonner l’école très jeunes. Les statistiques du Programme des Nations Unies pour le développement ont par ailleurs montré que « 57 millions d’enfants en âge d’aller à l’école primaire rest[ai]ent toujours non scolarisés et [que] plus de la moitié d’entre eux se trouv[ai]ent en Afrique subsaharienne. »

En outre, la plupart des familles de l’ancienne colonie britannique, notamment celles vivant en milieu rural, sont tellement pauvres qu’elles ne peuvent pas payer les frais de scolarité de leurs enfants, lesquels oscillent entre 5 et 30 dollars US.

Il arrive que des jeunes filles soient forcées de parcourir de longues distances à pied pour se rendre à l’école. Dans la plupart des régions reculées du pays, telles que Binga et Lupane, certains élèves doivent en effet marcher jusqu’à dix kilomètres pour se rendre à l’école la plus proche, une situation qui entraînent parfois de mauvais résultats scolaires, voire des abandons précoces.

Les résultats scolaires des jeunes filles peuvent en outre être affectés par l’inaccessibilité des produits sanitaires. Dans ces conditions les filles ont recours à des morceaux de tissus ou du coton, une situation particulièrement inconfortable qui oblige les filles à manquer l’école durant leurs règles.

D’après une récente enquête du Conseil national de planification familiale du Zimbabwe, 72 % des filles du pays n’utilisent pas de produits sanitaires durant leurs règles, mais de la bouse de vache, des morceaux de tissus, du torchis ou du papier journal. Elle manquent par ailleurs des centaines d’heures de cours par semestre.

Face à de tels obstacles, la situation des jeunes filles d’Afrique australe ne peut s’améliorer que grâce à l’aide humanitaire et aux politiques nationales.

C’était le cas de Shamiso, une petite fille de huit ans originaire du district de Lupane, dans la province du Matabeleland nord, situé à environ 460 kilomètres de Harare, la capitale du pays.

Shamiso, qui vit avec sa mère, avait du mal à se rendre à l’école la plus proche qui se trouvait à environ 5 kilomètres de chez elle. Sa situation a changé lorsqu’elle s’est vu offrir un vélo dans le cadre du projet humanitaire de World Vision Zimbabwe(WVZ) « Improving Gender Attitudes, Transition and Education Outcomes (IGATE) » [Améliorer les attitudes en matière de genre, la transition et les résultats en matière d’éducation], qui se déroule de 2017 à 2021 dans certaines provinces du Zimbabwe.

Shamiso fait partie des nombreuses jeunes filles qui ont reçu un vélo dans le cadre du projet de WVZ – mené en partenariat avec World Bicycle Relief, une organisation privée – afin qu’elles arrivent à l’école à l’heure.

D’après WVZ, l’IGATE est un programme qui vise à identifier et réduire les obstacles qui limitent et entravent l’accès des filles à l’éducation, leur maintien à l’école et leurs résultats d’apprentissage.

Dans un rapport de l’Initiative internationale pour la transparence de l’aide (IITA) récemment consulté sur d-portal.org, d’autres projets actuellement menés dans le cadre de l’IGATE s’étendent de 2017 à 2019, un autre, de 2017 à 2020, et le dernier a démarré en 2017 et s’achèvera en 2020.

Le rapport de l’IITA consulté sur d-portal.org a montré que WVZ, grâce à des fonds de son partenaire World Vision Royaume-Uni, a injecté dans l’un de ses projets s’achevant en 2021 un total de 79 792 dollars US pour toutes les années de mise en œuvre, une somme qui sera consacrée à l’éducation de base.

La section 19 (2) (d) de la Constitution du Zimbabwe, amendement numéro 20 (2013), dispose que « l’État doit adopter des politiques et des mesures raisonnables dans les limites des ressources disponibles et veiller à ce que les enfants aient accès à une éducation et une formation appropriées ». De son côté, la section 26 (b) indique clairement que « les enfants ne doivent pas être promis en mariage ».

La section 17 (1) (c) précise quant à elle que « l’État et toutes les institutions et organisations publiques, à tous les niveaux, doivent prendre des mesures pratiques pour faire en sorte que les femmes aient accès aux ressources, y compris à la terre, sur un pied d’égalité avec les hommes ».

Ce projet de WVZ rejoint les politiques internationales relatives à l’accès des filles à l’éducation, dont la Constitution du Zimbabwe s’est largement inspirée.

L’IGATE vise à atteindre les objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies.

Les informations consultées sur d-portal.org indiquent que l’IGATE « devrait améliorer les perspectives de 51 472 adolescentes zimbabwéennes marginalisées en les aidant à renforcer leurs compétences dans les domaines de la lecture, de l’écriture et des finances personnelles », un objectif aligné sur les ODD 1 et 5.

WVZ œuvre à la réalisation de l’ODD 3. Des projets comme ceux axés sur la conception de produits sanitaires réutilisables ont en effet permis d’aider Shamiso et les mères d’autres filles.

Selon les informations disponibles sur d-portal.org, pour atteindre l’ODD 5, WVZ est entré en « partenariat avec l’Union for the Development of the Apostolic Churches in Zimbabwe (Union pour le développement des églises apostoliques au Zimbabwe) afin de transformer les normes et les pratiques sociales négatives qui entravent l’accès des jeunes filles des milieux ruraux à l’éducation.

Une fiche technique de WVZ publiée en 2018, indique que l’« IGATE entend bénéficier à 75 000 filles et garçons ainsi qu’à plus de 500 écoles ».

Tandis que les choses ont évolué – il ne s’agit plus seulement d’aider les femmes à accéder à l’éducation, mais de lutter contre les obstacles qui empêchent la situation des femmes et des filles de s’améliorer – le Zimbabwe s’efforce d’atteindre les ODD grâce à l’aide humanitaire reçue.

WVZ adopte une démarche différente ; il cherche à autonomiser les femmes grâce à des projets durables, conformément à l’ODD 10, afin qu’elles puissent subvenir aux besoins de leur famille et payer les frais de scolarité de leurs enfants.

« Ma vie a considérablement changé depuis la mise en place du projet IGATE. Il m’était auparavant difficile de payer les frais de scolarité de mes enfants. Aujourd’hui, je peux non seulement payer leur frais de scolarité, mais également acheter d’autres produits de première nécessité, comme des serviettes hygiéniques pour ma fille », explique Taki, une mère bénéficiaire d’un programme d’aide aux villages et d’un programme de prêts (rapport de WVZ).