Lors d’un entretien en ligne, Anand Ramachandran nous a présenté le rôle des données et des outils de l’IITA dans le travail de son organisation, Fields Data.
Il a identifié certains défis à relever et quelques pistes de réflexion pour la communauté de l’IITA. Vous pouvez lire les idées d’Anand et participer au dialogue avec lui et son équipe sur IATI Connect.
Parlez-nous de votre organisation
Comment une école au Burundi peut-elle se retrouver avec trois systèmes d’accès à l’eau – un collecteur d’eau de pluie, un puits et une canalisation d’eau – sans qu’aucun ne fonctionne correctement ? Dans la majorité des cas, ces situations surviennent lorsque des donateurs, des organisations non gouvernementales internationales et des partenaires locaux de mise en œuvre travaillent séparément sur une même activité, sans se rendre compte de leur présence mutuelle. Pouvons-nous trouver un moyen d’optimiser la gestion des ressources et du temps pour toutes les parties prenantes ?
Chez Fields Data, nous aspirons à une communauté humanitaire et de l’aide au développement unie, coordonnée, efficace et transparente, qui œuvre en faveur des populations. Nous utilisons une méthodologie ascendante : dans un premier temps nous échangeons des informations organisationnelles sur les activités de terrain, que nous combinons ensuite aux données publiques pour créer ce que nous appelons des cartes 4W (qui fait quoi, où, quand). Ces cartes constituent la base sur laquelle des analyses supplémentaires peuvent être réalisées. Nous voulons ainsi aider les organisations en leur fournissant des solutions sur mesure, qui s’appuient sur des données probantes afin d’éclairer le processus décisionnel.
Dans quel contexte Fields Data a entendu parler de l’IITA pour la première fois ?
Deux de nos fondateurs avaient déjà utilisé la plateforme de l’IITA pour des cas différents. Nous avions donc déjà une idée du type d’informations que nous serions susceptibles de trouver sur la plateforme. Nous avons, par exemple, utilisé les données de l’IITA aux fins suivantes :
- Assurer le suivi des informations relatives au financement ;
- Analyser les investissements/portfolios/tendances des donateurs pour nos clients ;
- Identifier des partenaires locaux potentiels dans un pays déterminé ;
- Estimer les coûts et les budgets à partir d’initiatives déjà mises en œuvre.
Comment utilisez-vous les données de l’IITA ? Quels outils avez-vous utilisés pour accéder aux données (par exemple d-portal.org, la banque de données de l’IITA) ?
Puisque de nombreuses organisations rendent compte de leurs activités à travers le monde, nous cherchons à savoir qui fait quoi, où et quand, soit le nom de l’organisation, son secteur et son sous-secteurs d’activité, le pays et la région, les dates des activités et les descriptions de ces dernières. Ces informations nous proviennent principalement de la banque de données de l’IITA.
Nous avons également utilisé d-portal pour effectuer des recherches rapides sur un type spécifique de financement. Par exemple : projets axés sur l’éducation au Burundi, distribution de vaccins contre la Covid-19 en Colombie, recherche d’initiatives fondées sur l’innovation, etc.
Quels sont les avantages liés à l’utilisation des données de l’IITA ?
- Informations agrégées : Nous avons remarqué que de nombreuses organisations ont créé leurs propres portails de données. Grâce à l’IITA, nous avons accès à une source unique contenant des informations soumises par plusieurs organisations. Ainsi, nous n’avons plus à extraire les données dont nous avons besoin à partir de sources individuelles, ce qui prend généralement beaucoup de temps.
- Données structurées : L’exportation de données CSV permet aux organisations comme la nôtre d’effectuer plus facilement des analyses rapides.
- Autres utilisations possibles : Bien que l’IITA ait été principalement pour œuvrer en faveur de la transparence, nous avons également utilisé les données pour des scénarios tels que la reproduction de solutions mises en œuvre ailleurs, la recherche sur le développement commercial, l’évaluation des donateurs, l’identification de partenaires potentiels, etc.
Plus précisément, quelles sont les données que vous avez trouvées les plus utiles ?
Les données de l’IITA ont constitué pour nous un bon point de départ pour de nombreuses analyses relatives aux données. Les informations essentielles sur les projets déjà réalisés ou en cours dans une zone géographique et/ou dans un secteur spécifique nous ont été les plus utiles.
Avez-vous rencontré des difficultés dans l’utilisation des données de l’IITA ? Souhaitez-vous nous faire part de vos suggestions ?
Oui ! L’IITA a été créée dans le but d’assurer la transparence des dépenses liées à l’aide humanitaire et au développement. Les systèmes ont donc été créés pour que les grandes organisations puissent rendre compte de leurs activités.
Les petites organisations ne disposent donc pas vraiment de mécanismes leur permettant de faire partie de cet écosystème, à moins qu’une entité plus importante n’intervienne en s’associant à un organisme local afin de rendre compte de ses activités. Cette situation accentue le fossé qui existe dans le secteur.
Laissez-moi vous donner un exemple : pour publier sur la plateforme de l’IITA, vous avez besoin de l’identifiant d’une organisation ainsi que des détails de son activité. Pensez maintenant aux milliers d’ONG nationales, dont beaucoup ne disposent même pas d’un bon site Internet ; il est irréaliste d’attendre d’elles qu’elles téléchargent des fichiers XML. Deuxièmement, de nombreuses organisations ne travaillent pas sur la base d’activités. Les donateurs individuels soutiennent les causes de petites organisations, et ces dernières continuent à travailler pendant des années sur l’éducation, l’assainissement, les droits des femmes, etc. Cela implique également qu’une grande partie des activités de développement et d’aide humanitaire sont menées par des organisations spécialisées dans des contextes locaux, mais pratiquement invisibles à l’échelle internationale.
Si nous voulons promouvoir la localisation de l’aide, il faut penser à redéfinir les systèmes et à les rendre inclusifs.
Encourageriez-vous d’autres organisations travaillant dans les secteurs du développement international et de l’action humanitaire à utiliser les données de l’IITA ?
« Au début de l’année 2021, nous estimons que seulement 51 % des données pertinentes et complètes relatives aux situations de crise sont disponibles pour les opérations humanitaires en cours dans 27 régions du monde. » – L’état des données humanitaires ouvertes en 2021, Sarah Telford.
Aujourd’hui, c’est le manque de données probantes qui est à l’origine de la duplication du travail ou du manque de coordination entre les interventions humanitaires et internationales, ou même entre différents secteurs. En effet, parce qu’elles ne disposent pas de suffisamment de données, les organisations ne peuvent pas collaborer, même si elles le souhaitent.
L’IITA peut devenir un point de référence pour une grande partie des données dont nous avons besoin. Ainsi, les organisations pourront non seulement gagner en efficacité, mais aussi faire des économies.
D’où l’importance cruciale d’échanger et de partager les informations disponibles. L’IITA peut devenir un point de référence pour une grande partie des données dont nous avons besoin. Ainsi, les organisations pourront non seulement gagner en efficacité, mais aussi faire des économies. Par exemple, avant de lancer des opérations dans une région spécifique, imaginez que vous disposiez d’informations sur les activités menées ou déjà réalisées par d’autres organisations. Dans ce scénario, vous pouvez poursuivre sur la lancée des travaux précédents et ainsi éviter de dépenser inutilement vos ressources en essayant de réinventer la roue.
Prévoyez-vous de travailler sur les activités de l’IITA ?
L’IITA est actuellement l’une de nos principales sources d’information et ce sera encore le cas pour les cinq prochaines années, au moins. Nous souhaitons rester actifs sur IATI Connect, partager les différents usages que nous faisons des données et les incohérences que nous rencontrons et, ainsi, participer à la création de systèmes plus inclusifs, centrés sur l’être humain.
Tant que nous sommes là, nous espérons représenter les organisations locales au sein de la communauté de l’IITA.
Contactez-nous
Si vous souhaitez travailler avec Fields Data, contactez Anand sur LinkedIn ou par l’intermédiaire de son profil IATI Connect.