Accroître son impact en publiant des données conformément à la norme de l’IITA

  • 15 avril 2020

Nous nous sommes entretenus avec Anna de Vries, conseillère principale et coordinatrice de l’IITA pour Data4Development, au sujet de son travail au service des organisations internationales à but non lucratif.

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Quel rôle jouez-vous par rapport à l’IITA ?

Au sein de Data4Development (D4D), j’aide des organisations internationales à but non lucratif à publier des données conformes à la norme de l’IITA concernant leurs projets de lutte contre les crises et la pauvreté internationales. Les besoins de nos clients vis-à-vis de l’IITA sont très variés : j’ai notamment collaboré à la publication de données relatives à un programme conjoint avec une alliance d’organisations, et aidé d’autres signataires à intégrer la publication de données IITA dans leur cycle de rapports habituel en utilisant leurs systèmes internes existants.

J’ai accepté ce poste car je m’intéressais aux moyens d’apprendre aux acteurs du secteur du développement à gagner en efficacité et à accroître leur impact. La compréhension et l’utilisation des données sont un excellent moyen d’y parvenir.

Quels avantages y a-t-il à publier des données conformément à la norme de l’IITA ?

La publication de données IITA est souvent considérée comme une charge de travail supplémentaire. Toutefois, mon travail pour D4D m’a appris qu’elle pouvait apporter une valeur ajoutée aux différents signataires, notamment en normalisant la communication des données et en améliorant l’analyse de ces dernières.

J’encourage les signataires de l’IITA à ne pas avoir peur de la transparence, mais au contraire à s’en servir comme levier pour apprendre et comprendre comment accroître leur impact.

Je suis convaincue que la communauté du développement international a besoin de l’IITA, car l’Initiative nous permet de mettre en commun toutes nos expériences en matière d’impact.

En quoi les données de l’IITA contribuent-elles à un impact accru ?

À mes yeux, l’IITA représente bien plus qu’une norme sur les données ouvertes ou que la compilation d’une multitude de fichiers XML. En fait, je suis convaincue que la communauté du développement international a besoin de l’IITA, car l’Initiative nous permet de mettre en commun toutes nos expériences et de maximiser notre impact. Elle nous donne une meilleure idée des évolutions du secteur, favorisant ainsi une meilleure anticipation au sein de la communauté du développement.

Les données de l’IITA permettent également d’établir un lien entre les retombées observées sur le terrain et la source de financement qui en est à l’origine.

Auriez-vous des exemples de situations dans lesquelles les données de l’IITA peuvent s’avérer utiles ?

Je repense à un projet mené dans un village népalais après le séisme de 2015, à l’époque où j’étais responsable de programme pour une organisation à but non lucratif. En visitant le village, j’ai appris qu’il existait plusieurs projets réalisés simultanément avec le même objectif, mais sans aucune coopération. L’aide apportée était par conséquent démesurée dans certaines zones, et insuffisante dans d’autres.

Pour moi, l’IITA ne se résume pas à des lignes de données, mais constitue un moyen d’améliorer concrètement l’efficacité de l’aide.

Il était désolant de constater un tel déséquilibre, et je crois fermement que la coopération et le partage d’informations sont essentiels si l’on veut générer ensemble les retombées souhaitées. La norme sur les données ouvertes proposée par l’IITA peut y contribuer en incitant les acteurs de terrain à se poser les bonnes questions, ou même en mettant en relation différentes organisations intervenant dans la même zone ou sur des programmes similaires. Pour moi, l’IITA ne se résume donc pas à des lignes de données, mais constitue un moyen d’améliorer concrètement l’efficacité de l’aide.

Y a-t-il, selon vous, des données particulièrement utiles à communiquer ?

Ayant travaillé dans le domaine du suivi et de l’évaluation, à choisir, j’opterais évidemment pour les données relatives aux résultats ! Souvent, les signataires qui rencontrent des difficultés pour publier des données conformes à la norme de l’IITA cherchent juste à savoir comment respecter leurs obligations contractuelles, sans aller plus loin. La publication d’autres données offrirait pourtant tellement de possibilités supplémentaires ! En communiquant des données sur leurs résultats, les organisations pourraient rendre compte de leur action de manière plus percutante.

Avez-vous des conseils à donner aux organisations sur la publication de données concernant leurs résultats ?

Lorsqu’on publie ce type de données, il est important de se poser les questions suivantes :

  • Quels sont les indicateurs adéquats pour mesurer les progrès réalisés ?
  • Avez-vous des indicateurs de référence ? Les données que vous publiez correspondent-elles à des objectifs ? Ce n’est qu’en comparant les objectifs aux résultats effectivement obtenus que l’on peut vraiment déterminer si un programme génère les retombées souhaitées.
  • Les données que vous communiquez sont-elles agencées de façon logique, de manière à apporter des informations concrètes aux personnes qui les consulteront ? Publier des données ne suffit pas, il faut aussi leur donner un sens.

Les organisations doivent impérativement disposer des informations appropriées si elles veulent s’appuyer sur les données et accroître leur impact.

Auriez-vous des exemples concrets d’utilisation des données de l’IITA à des fins de suivi et d’évaluation ?

Voici un exemple général que j’utilise souvent lorsque j’explique les avantages de l’IITA à un signataire :

« Admettons que vous dépensiez 500 000 dollars dans le pays A et 500 000 dollars dans le pays B au cours d’une période donnée. Vos résultats révèlent que votre impact atteint 80 % dans le pays A, mais seulement 20 % dans le pays B. Il ne faut pas avoir peur de la réalité mise en évidence par ces chiffres ,mais plutôt s’en servir pour réfléchir aux raisons de ces divergences et aux mesures que vous souhaitez prendre à l’avenir :

  • Souhaitez-vous consacrer plus d’argent au pays B afin d’y obtenir un impact similaire ?
  • Souhaitez-vous consacrer plus d’argent au pays A afin de cibler le groupe pour lequel votre intervention est la plus efficace ?
  • Faut-il lever certains blocages dans le pays B ?

Cet exemple montre comment les données IITA relatives aux résultats peuvent favoriser des décisions efficaces.

Quels sont les défis que doit relever l’IITA ?

Il y en a un certain nombre. L’IITA doit mettre à la disposition des organisations une norme commune en matière de publication des données. Toutefois, du fait de la flexibilité propre à cette norme, les différents champs de données se prêtent à de multiples interprétations, ce qui peut rendre les données moins exploitables.

Autre problème : la majorité des données publiées concerne les ressources, les activités et les livrables. On dispose de peu d’informations au sujet des résultats et de l’impact obtenus par les organisations. Une organisation qui publie des données sur un projet de lutte contre la faim, par exemple, peut déclarer que son objectif est d’éliminer la malnutrition (voir ci-dessous l’exemple d’un projet mené au Yémen), mais présenter comme seul indicateur le nombre de colis alimentaires livrés dans le cadre du projet. Il serait intéressant d’en savoir plus sur la méthode employée pour fournir ces colis aux enfants et sur la manière dont cette initiative contribuera à combattre la malnutrition à long terme.

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Parlez nous un peu des futurs travaux prévus par D4D au sujet de l’IITA.

D4D entend aider les organisations à but non lucratif à publier des données qui leur soient utiles, et non dans le seul but de se conformer à leurs engagements. Nous prévoyons de développer notre service de tableaux de bord IITA, des outils efficaces pour visualiser et communiquer les progrès et les résultats accomplis par les organisations à but non lucratif. Nous nous employons actuellement à rendre ces tableaux de bord plus interactifs et plus adaptés aux besoins afin que les signataires de l’IITA s’intéressent davantage à leurs propres données.

Par ailleurs, nous comptons deux spécialistes des données dans notre équipe et nous avons l’intention d’approfondir nos recherches sur les données de l’IITA afin de déterminer l’intérêt qu’elles pourraient présenter pour l’élaboration de programmes stratégiques, concernant l’inclusivité des femmes par exemple.