Définition des urgences humanitaires : une approche concertée

  • 4 août 2016

Cet article, publié à l’origine sur le site Internet de Joined-up Data Standards, a été rédigé par Bill Anderson, directeur technique de l’IITA et responsable du projet Joined-up Data Standards.

La réponse aux urgences humanitairesBill_Andersons dépend des interactions entre un large éventail de donateurs, d’organismes internationaux et d’acteurs locaux. La coordination est déterminante. L’accès à des données cohérentes en temps utile étant un aspect crucial de la complexe matrice de réponse, 33 des principaux donateurs et organismes humanitaires participant au sommet mondial sur l’action humanitaire en mai 2016 se sont engagés à « définir et mettre en œuvre une norme de données ouvertes et une plateforme numérique communes qui contribueront à l’amélioration de la transparence et de la prise de décisions ». Il a été recommandé à cette fin d’utiliser la norme en matière de publication de données de l’Initiative internationale pour la transparence de l’aide (IITA).

L’IITA a modifié sa norme à l’aune du pacte relatif au financement de l’action humanitaire (« Grand Bargain ») afin de mieux répondre aux besoins en matière de communication de données. L’Initiative a pour cela consulté, entre autres, le Service de surveillance financière du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), le Système d’information européen sur la réponse aux urgences et catastrophes, ainsi que des organismes tels que leDisasters Emergency Committee du Royaume-Uni et Start Network.

Il est nécessaire, pour mieux harmoniser la prise de décisions concernant l’action humanitaire, de rassembler les données issues de différentes sources. La définition et la transmission d’informations sur les situations d’urgence sont au cœur de cette démarche. Par conséquent, la norme de l’IITA s’est enrichie d’un nouvel élément – humanitarian-scope – qui permet de définir clairement les situations d’urgence et les appels à l’action. Il convient d’utiliser un « vocabulaire » spécifique, c’est-à-dire une liste de classifications reconnue à l’échelle mondiale, qui comprend une sélection de codes.

Pour un acteur de la normalisation comme l’IITA, cela soulève plusieurs questions. Voici quatre aspects à prendre en considération…

  • Quelles sont les listes d’autorité (vocabulaires) reconnues ? Il n’existe aucun système de classification mondial couvrant toutes les situations d’urgence humanitaires. L’IITA et l’OCHA sont convenus que la manière la plus efficace de classer les situations d’urgence est d’adopter le système d’identification unique pour les catastrophes naturelles GLIDE, de Global IDEntifier, conçu à l’origine par le Centre asiatique de prévention des catastrophes. L’OCHA étant un organisme participant, il est en mesure de générer de nouveaux numéros GLIDE. Il a par ailleurs été convenu que le système peut être élargi pour inclure également les catastrophes anthropiques. Pour que GLIDE soit reconnu comme la principale norme mondiale, toutes les institutions participantes doivent plaider pour qu’elle soit adoptée par l’ensemble des systèmes d’information ayant trait à l’action humanitaire.
  • Comment accède-t-on aux codes ? À l’heure actuelle, les utilisateurs du système sont informés des modifications par courriel et ne peuvent utiliser la base de données qu’en faisant des téléchargements manuels. Cette solution est loin d’être idéale, en particulier en ce qui concerne la production de données au tout début de catastrophes soudaines. Plus GLIDE sera aisément accessible aux machines plus il sera efficace. Il est essentiel d’investir dans une API sophistiquée permettant la consultation et la récupération automatisées des codes.
  • Comment les codes sont-ils créés et gérés ? Dès le déclenchement d’une nouvelle situation d’urgence, une institution participante peut créer un numéro d’identification GLIDE. Si une situation d’urgence soudaine exige des données immédiates, les différents acteurs concernés n’ont pas le temps de suivre les procédures habituelles de consultation et de conclusion d’accords. De plus, du fait de l’évolution croissante du nombre des signataires de l’IITA, il faudra signaler les situations d’urgence locales susceptibles de passer inaperçues aux yeux des grandes institutions participantes. Il sera donc nécessaire d’établir un cadre technique et collaboratif permettant de consulter et d’approuver rapidement de nouveaux codes.
  • Comment les utilisateurs de données comprendront-ils les codes ? La gestion opérationnelle et financière de l’action humanitaire a été mise au point de telle sorte que les urgences sont définies et codées par pays et par année, ainsi que par type de catastrophe − dans le cas des situations d’urgence pluriannuelles et plurinationales, de nouveaux codes sont générés pour chaque pays et pour chaque année. Ainsi, pour rechercher les activités liées à l’épidémie de maladie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest, un utilisateur de données de l’IITA doit saisir 12 codes uniques ayant trait aux urgences (correspondant à trois pays et à quatre années). Le numéro GLIDE inclut également un code lié au type de phénomène, par exemple « EP (épidémie) ». Mais l’analyse des numéros d’identification n’est pas chose aisée, et l’IITA devra faire en sorte de fournir un élément de recherche et d’améliorer ainsi l’accès aux données.

La norme de l’IITA a un caractère volontaire. Elle n’a aucune force exécutoire. Elle est tributaire de la bonne volonté des signataires et de la pression exercée par les pairs au sein de la communauté humanitaire globale. L’amélioration des données humanitaires repose sur les efforts collectifs de l’ensemble des parties.