L’Initiative internationale pour la transparence de l’aide (IITA) a fêté son dixième anniversaire avec un événement de haut niveau sur l’avenir des données, de la transparence et de la gouvernance ouverte qui s’est tenu en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies en 2018.
Animée par le coordinateur du Secrétariat auprès du PNUD, la réunion a souligné les accomplissements de l’IITA et a anticipé les enjeux à relever au cours de cette deuxième décennie.
L’événement a également été l’occasion d’étudier l’affiche sur l’IITA, laquelle retrace son histoire depuis sa création par les 14 signataires fondateurs lors du Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide de 2008 et rend compte de l’évolution du nombre de ses membres et de ses signataires, ainsi que de son potentiel pour les dix prochaines années.
Nous avons également profité de l’événement pour présenter une courte vidéo : « Les dix ans de l’Initiative internationale pour la transparence de l’aide ».
Table ronde
Animée par le célèbre journaliste et animateur Henry Bonsu, la table ronde qui rassemblait des intervenants éminents et à laquelle le public a activement participé a été l’occasion d’échanges dynamiques et passionnants.
Voici les cinq principaux points à retenir :
- Les données sur les résultats sont aussi importantes que les données de « départ »
La directrice générale de la coopération internationale au ministère néerlandais des Affaires étrangères a appelé à augmenter le nombre de données sur les résultats publiées conformément à la norme de l’IITA. Mme Reina Buijs a déclaré : « [L’IITA] ne se limite pas aux intrants ou aux dépenses [...] mais ce que j’en attends, et cela est possible dans le cadre de l’IITA, c’est que le système fournisse des résultats car, dans le fond, nous voulons savoir comment l’argent est dépensé et à quoi il sert. »
Elle a en outre souligné qu’il était de plus en plus important de connaître les résultats de l’utilisation des ressources allouées au développement. « L’important, en ce qui concerne la réalisation des ODD et du programme de développement durable, ce sont les résultats. »
2. L’appropriation locale des données est essentielle
La poursuite du renforcement de l’appropriation et de l’utilisation des données de l’IITA par les pays en développement a fait l’objet d’appels pressants. Il a également été question de l’objectif original de l’IITA consistant à fournir des données complètes, prospectives et accessibles en temps utile en vue d’aider les gouvernements à mieux planifier et coordonner les flux de ressources extérieures.
Mme Ulrika Modéer, administratrice adjointe et directrice du Bureau des relations extérieures et du plaidoyer du PNUD, a déclaré que nous devions « faire en sorte d’assurer l’appropriation locale des données » et que « si nous pouv[i]ons concevoir la norme de l’IITA de façon à ce qu’elle tienne compte des différents intérêts à l’échelle locale et nationale, nous devrions être en mesure d’offrir un service encore plus performant que celui dont nous disposons à l’heure actuelle ». Dans sa conclusion, Mme Modéer a ajouté qu’un soutien renforcé aux bureaux de statistiques et aux ministères nationaux est nécessaire en vue d’atteindre les utilisateurs finals et de renforcer les capacités locales.
3. L’appropriation locale est indissociable de l’intégration locale
Pour s’approprier les données de l’IITA et en bénéficier, il est important que l’IITA soit pleinement intégrée dans les systèmes internes des gouvernements. La vice-ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Honduras a affirmé que le système de gestion de l’information sur l’aide (SGIA) de son pays était totalement compatible avec la norme de l’IITA. Mme María del Carmen Nasser de Ramos a indiqué que cela a permis de comparer aisément les informations recueillies par le gouvernement et les données publiées par les donateurs conformément à la norme de l’IITA.
Elle a en outre ajouté que les données sectorielles et géographiques de l’IITA sont particulièrement utiles pour identifier et redéfinir l’ordre de priorité des ressources disponibles dans le pays. « Il est possible de consulter les informations sur les secteurs et d’approfondir les recherches. Nos priorités sont la santé, l’éducation ou les infrastructures [...]. Si [les ressources] ne satisfont pas à ces priorités, nous pouvons en faire part aux donateurs. » Mme Nasser a signalé qu’il fallait renforcer les compétences et les formations sur l’IITA afin d’atteindre les communautés locales participant à la mise en œuvre des projets de développement.
4. La visibilité de l’ensemble des ressources doit être renforcée
Il a été rappelé aux participants que le paysage du financement du développement international avait évolué depuis le lancement de l’IITA. Mme Harpinder Collacott, directrice exécutive de Development Initiatives, a déclaré à cet égard : « Les temps ont changé depuis 2008. L’aide constituait alors le flux dominant. » Elle faisait référence à l’importance croissante du financement climatique, de la coopération Sud-Sud et des ressources du secteur privé, et a souligné que le défi pour l’IITA ces dix prochaines années consistera à accroître la visibilité de ces nouveaux flux.
Signalons l’exemple prometteur du Samoa, petit État insulaire en développement situé dans le Pacifique et fortement menacé par les effets du changement climatique. Son ministre, M. Afamasaga Rico Tupai, a déclaré que les données de l’IITA contribuaient à améliorer les décisions en matière d’investissement. « Le développement est mieux ciblé, au même titre que notre action en faveur de la durabilité. » Il a expliqué que les données de l’IITA ont aidé le gouvernement à comprendre que les donateurs concentraient leurs investissements dans les zones urbaines, au détriment des communautés rurales. Le gouvernement a pris les mesures qui s’imposaient en élaborant une nouvelle stratégie de développement rural.
5. Il faut créer des communautés engagées et ouvertes pour atteindre les utilisateurs finals
M. Daniel Steinberg, conseiller principal au Bureau des opérations du maire de New York, s’est joint aux débats et a parlé de la manière dont la ville utilisait les données ouvertes pour éclairer les politiques locales et améliorer la prestation des services. New York est la première ville au monde à rendre compte de ses progrès dans la réalisation des objectifs de développement durable, et les membres du Bureau du maire se félicitent du travail accompli pour amener les citoyens à utiliser leurs données et à leur demander des comptes, de la même manière que les citoyens de tout pays peuvent consulter les données de l’IITA afin de collaborer plus étroitement avec leur gouvernement. M. Steinberg a déclaré que « les données ouvertes permett[ai]ent de créer une communauté rassemblant techniciens civils et utilisateurs finals ».
Cet événement était placé sous le signe de la réflexion et de la fête. Il ne fait aucun doute que l’IITA est un instrument fiable et utile, et que plus le nombre de ses utilisateurs augmente plus ses utilisations se diversifient. Ce thème sous-jacent a été exprimé haut et fort, non seulement par les intervenants, mais également par le public pendant les débats.
Nous remercions les nombreux membres de la communauté de l’IITA qui se sont joints à nous à New York un soir d’orage tropical.