Nous avons rencontré Joshua Powell, directeur de l’innovation à Development Gateway, qui nous a parlé du programme d’un an visant à étudier l’utilisation des données de l’IITA dans cinq pays : le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, Madagascar, le Sénégal et le Tchad.
Parlez-nous de Development Gateway et de son action
Development Gateway est une organisation internationale à but non lucratif spécialisée en technologie et en cocréation aux fins d’un développement plus efficace. Notre mission est d’apporter aux gouvernements, aux organisations et aux individus les connaissances dont ils ont besoin pour être en mesure d’améliorer les conditions de vie.
Expliquez-nous pourquoi Development Gateway œuvre à accroître la transparence et l’utilisation des données de l’IITA
Development Gateway est membre de l’IITA depuis sa création et considère la transparence comme un élément clé de l’efficacité de l’aide au développement. Development Gateway a notamment aidé près de 30 gouvernements d’horizons différents à mettre au point les systèmes de gestion de l’information sur l’aide (SGIA).
Parlez-nous de votre récent programme visant à étudier l’utilisation des données de l’IITA dans cinq pays
En janvier 2015, notre équipe a entrepris, avec le soutien du ministère français des Affaires étrangères, d’étudier les avantages liés à l’utilisation des données de l’IITA dans les systèmes nationaux. Le programme avait pour objectif d’intégrer l’utilisation de ces données dans les pratiques opérationnelles des ministères du Financement et de la Planification des pays partenaires par l’intermédiaire des systèmes de gestion de l’information sur l’aide (SGIA). Cinq pays dotés de la plateforme de gestion de l’aide de Development Gateway ont accepté de participer à l’étude : le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, Madagascar, le Sénégal et le Tchad (l’exécution du programme au Burkina Faso a été retardée en raison de l’instabilité politique régnant en 2015).
Quels enseignements avez-vous tirés de ce programme ?
Les pays avaient entendu parler des données de l’IITA mais ne les avaient jamais utilisées
Au début du programme, la majorité des fonctionnaires des gouvernements participants connaissaient l’existence de l’IITA, mais, à quelques exceptions près, n’avaient jamais utilisé ses données dans le cadre de leur travail.
L’IITA fournit une multitude d’informations sur l’aide dont les gouvernements ignoraient jusque-là l’existence
Généralement, l’importation des données de l’IITA donne accès à des informations supplémentaires sur plusieurs centaines de millions de dollars de flux d’aide, dont les gouvernements n’avaient auparavant pas connaissance. Cette aide émane principalement d’acteurs non traditionnels, dont la Fondation Bill et Melinda Gates, l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination (GAVI) et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
L’utilisation des données de l’IITA constitue un défi pour les gouvernements
À l’issue du programme, les participants gouvernementaux connaissaient mieux les données de l’IITA et manifestaient un vif d’intérêt à leur égard ; néanmoins, des problèmes demeuraient au regard des données et de la capacité des gouvernements à les utiliser. Une semaine de formation ne s’est évidemment pas révélée suffisante, et la majorité des participants ne se sentaient pas capables d’utiliser les données de l’IITA dans leurs systèmes nationaux.
L’existence de formations, d’outils et de publications dans la langue officielle des gouvernements stimulerait l’utilisation des données de l’IITA
Interrogés sur leurs principaux besoins, les participants gouvernementaux citent en premier lieu les tutoriels en ligne et la formation continue, puis l’amélioration des outils de l’IITA. Dans l’ensemble, la qualité des données et leur publication dans la langue officielle sont les deux priorités principales avancées par les gouvernements pour renforcer l’utilité des données de l’IITA.
Les signataires doivent fournir plus d’informations sur les données qu’ils publient conformément à la norme de l’IITA
Des entretiens ont révélé que la provenance des données de l’IITA était une source de préoccupation pour les gouvernements. Ils réclamaient des informations sur les méthodes de collecte des données employées par les signataires (critères d’inclusion/exclusion, fréquence, processus d’assurance de la qualité) et les processus d’agrégation qui font que les données des sièges diffèrent de celles des bureaux de pays. Les gouvernements, habitués à téléphoner aux points de contact locaux pour discuter des données, ont déclaré que le manque d’informations sur les données de l’IITA au sein des bureaux de pays des donateurs constituait un autre écueil de taille.
Des recommandations à transmettre à l’IITA ?
Development Gateway a transmis plusieurs recommandations au Comité directeur de l’IITA lors de leur dernière réunion. Citons, entre autres, la publication des données de l’IITA dans les langues officielles des pays partenaires, l’élaboration de guides pratiques et la promotion par les signataires d’une collaboration plus étroite entre les sièges et les bureaux de pays afin d’accroître les connaissances sur les processus et les données de l’IITA. La liste complète de nos recommandations est disponible en page 12 de notre Document de travail.
Quels sont vos plans pour l’avenir en ce qui concerne l’IITA et plus particulièrement ce programme ?
Development Gateway s’apprête à conclure le programme de travail au Burkina Faso, dont l’exécution avait été retardée en raison de l’instabilité politique qui y régnait en 2015. Development Gateway apporte également un soutien à distance aux autres pays en fonction des besoins. À l’heure actuelle, l’organisation réfléchit en interne à la manière de mettre en pratique les enseignements tirés de ce projet en vue d’améliorer la programmation et, ce faisant, d’accroître la durabilité de l’utilisation des données de l’IITA dans ces pays et ailleurs.