Cet article a été rédigé par Reid Porter de l’organisation InterAction. Il concerne la réunion du mini GCT qui s’est tenue le mois dernier sur la publication et la visualisation des données de localisation des projets dans le cadre de l’IITA.
Les informations relatives à la localisation infranationale ont été reconnues à de multiples reprises comme étant essentielles pour permettre aux donateurs et aux partenaires de mise en œuvre de mieux connaître les activités de développement menées dans le monde entier et d’en tirer des enseignements. Savoir qui fait quoi et où permet aux organisations de développement de maximiser leur impact en repérant les besoins en financements, en identifiant des partenaires et en évitant les doublons. « Savoir qui fait quoi et où permet aux organisations de développement de maximiser leur impact en repérant les besoins en financements, en identifiant des partenaires et en évitant les doublons. »
Une certaine confusion demeure toutefois quant à la manière de publier des données de localisation, et de nombreuses organisations souhaitent connaître les bonnes pratiques à appliquer pour générer et visualiser ce type de données. Pour répondre à cette attente, l’Initiative sur le financement transparent de l’agriculture a réuni en décembre 2017 des signataires, des spécialistes des systèmes d’information géographique (SIG) et d’autres parties intéressées afin de faire le point sur la norme définie par l’Initiative internationale pour la transparence de l’aide (IITA) concernant la publication de données de localisation et d’échanger sur leur expérience en matière de création, de partage et d’utilisation de données SIG.
Voici quelques-uns des sujets les plus épineux que nous avons abordés :
Comment rendre compte des projets nationaux ?
Certains projets bénéficient à l’ensemble d’un pays et leur localisation exacte n’a pas vraiment d’importance. C’est le cas de tous les projets visant à renforcer les capacités des institutions nationales en matière de services de santé ou à améliorer la compilation de données statistiques, par exemple. Un utilisateur s’attendrait à ce que ces projets apparaissent sur une carte s’il recherche « tous les projets menés dans le pays A ». Pourtant, il peut être difficile de visualiser ces projets sur une carte de manière intuitive.
Les directives de l’IITA énoncent certaines règles élémentaires concernant les choses à faire ou à éviter lorsque l’on publie des projets d’envergure nationale conformément à la norme de l’IITA, règles plus ou moins approuvées par la plupart des parties.–– Le pays dans lequel se déroule un projet de développement (ou « activité » selon la norme de l’IITA) doit systématiquement être indiqué dans le champ « Pays bénéficiaire » de l’IITA. Le champ « Périmètre de l’activité » doit être utilisé pour signaler qu’un projet est mis en œuvre à l’« échelle nationale ». Cependant, une question a été posée afin de savoir si les signataires devaient également mentionner le pays et ses coordonnées dans la rubrique « Localisation » de la norme.
Les directives de l’IITA indiquent clairement que le champ « Localisation » est destiné à « l’identification géographique infranationale des lieux ciblés par une activité », ce qui sous-entend que les informations de niveau national ne doivent pas être saisies à cet endroit. Toutefois, certaines organisations ont exprimé leur inquiétude à l’idée d’être pénalisées sur des indices tels que l’Indice de la transparence de l’aide si elles n’indiquaient pas cette information, et ont donc décidé de saisir des coordonnées centroïdes pour l’ensemble du pays dans le champ « Localisation ».
En quoi est-ce important ? Lorsque l’on crée des outils afin de visualiser les données de localisation de l’IITA, la représentation des données risque d’être erronée si ces complexités ne sont pas prises en compte. Ainsi, si l’on saisit des coordonnées centroïdes pour un projet de ce type sans indiquer clairement qu’il s’agit d’un projet de niveau national, cela peut donner l’impression que de nombreux projets sont menés dans le centre du pays alors que ce n’est pas le cas. De nombreux participants ont suggéré que la cartographie des données dissocie totalement les activités nationales (appui budgétaire général, interventions politiques, etc.) des activités menées « sur le terrain » dans des zones spécifiques ou pour des régions données. Cependant, là encore, si l’on ne visualise pas les activités d’envergure nationale, on risque de minimiser considérablement l’importance de l’aide reçue dans le pays.
Le meilleur moyen d’appréhender ce défi est peut-être de se livrer à un exercice de réflexion rudimentaire :
Imaginez que vous travaillez dans le district Z de la région Y du pays X (autrement dit, X contient Y et Y contient Z).
Une initiative politique de niveau national est mise en œuvre dans le pays X, un programme de santé est déployé dans l’ensemble de la région Y et un petit projet de renforcement des capacités est mené dans le district Z.
Combien y a-t-il de projets mis en œuvre dans le district Z ?
A) 1
B) 2
C) 3
D) Ça dépend...
En outre, un quatrième projet consiste à former des enseignants de la région Y dans la grande ville d’une région voisine (que nous appellerons région W).La question est : selon vous, combien de projets bénéficient à la population du district Z ?
Quelle est la solution ?
- Lorsque l’on conçoit un outil de cartographie, il est essentiel de prendre en compte le champ « Périmètre de l’activité » et de gérer les projets nationaux de façon appropriée, soit en ne les faisant pas figurer sur la carte, soit en les incluant dans une couche et une catégorie distinctes sur la carte, soit en les indiquant séparément.
- Les indices de transparence doivent par ailleurs tenir compte du périmètre des activités afin de pas pénaliser les projets de niveau national.
- Les signataires devront alors suivre en toute confiance la définition de l’IITA, réserver la rubrique « Localisation » aux localisations infranationales et utiliser les champs « Pays bénéficiaire » et « Périmètre de l’activité » pour signaler les projets de niveau national.
Points ou polygones ?
Actuellement, la norme de l’IITA donne aux signataires la possibilité de saisir la latitude et la longitude des projets, ainsi que des informations complémentaires telles que la « Classe géographique », qui permet aux utilisateurs de savoir si la localisation indiquée correspond à une région administrative, à un lieu habité (ville ou village, par exemple), à une structure ou à un autre type de lieu, ou encore la « Portée géographique », qui détermine si la localisation concerne les activités ou les bénéficiaires du projet. Grâce à l’ajout du champ « Identifiant de localisation », les localisations qui coïncident avec des subdivisions administratives (et qu’il est sans doute préférable de représenter à l’aide d’une forme ou d’un polygone) peuvent être rattachées au polygone de l’unité administrative correspondante plutôt que saisies en fonction de leur latitude et de leur longitude. Toutefois, ces polygones ne sont pas directement stockés par l’IITA, ce qui signifie que les développeurs de la plateforme de visualisation doivent non seulement établir cette correspondance de leur côté, mais également trouver une source appropriée pour importer des fichiers de formes (base de données GADM, par exemple).
Cependant, en ce qui concerne les projets codés par rapport à un niveau administratif, la question reste de savoir si ces niveaux administratifs doivent être affichés sous forme de points ou de polygones lorsque l’on développe des outils de SIG. Après discussion, les participants ont convenu que cela dépendait de l’objectif de l’outil, mais que dans tous les cas, il était impératif d’indiquer clairement le niveau concerné (« Classe géographique ») lors de la saisie des données de localisation. Il conviendrait par exemple que les utilisateurs puissent sélectionner une classe géographique donnée, ou que les classes soient différenciées par des formes ou des couleurs distinctes ou par d’autres repères visuels. L’affichage de polygones montre clairement que les activités d’un projet se déroulent ou produisent des retombées dans l’ensemble d’une unité administrative. En revanche, cela peut limiter la possibilité de superposer ces informations à d’autres types de données contextuelles, telles que les taux de fertilité, de malnutrition ou de pauvreté, ces derniers étant souvent représentés à l’aide de polygones de différentes couleurs.
Correspondance entre les résultats et la localisation
Il a été observé que la norme ne permet pas, à l’heure actuelle, de rattacher des résultats à une localisation, de sorte qu’il n’est pas possible de ventiler les indicateurs par zone géographique. Ce détail n’a pas forcément d’importance ou d’utilité en ce qui concerne les programmes mis en œuvre plus ou moins uniformément dans les différentes zones (si des enseignants sont formés dans chaque district de la zone du projet, par exemple), mais cela devient plus problématique dans le cas des interventions différenciées d’un lieu à un autre (si des enseignants sont formés dans certains districts tandis que l’on privilégie d’autres aspects comme les technologies de pointe dans d’autres districts, par exemple). Ces informations sont pourtant importantes pour les personnes qui cherchent à répertorier les activités mises en place sur chaque site et à connaître leurs résultats plutôt que de procéder à des déductions qui pourront être erronées. D’un autre côté, il peut tout à fait s’agir d’un cas exceptionnel dont la prise en compte nécessiterait une complexification de la norme de l’IITA.
N’y a-t-il pas de risque à publier la localisation des projets ?
Des inquiétudes relatives à la sécurité ont été exprimées concernant la diffusion de données de localisation susceptibles d’être reliées à des résultats ou de données privées ou sensibles. Il a été observé qu’une géolocalisation légèrement moins précise des activités pouvait permettre d’éviter ces problèmes. Les signataires disposant de meilleures compétences techniques pourront envisager de recourir à d’autres méthodes, telles que l’algorithme de déplacement géographique aléatoire utilisé dans le cadre des enquêtes démographiques et de santé (EDS) pour dissimiler la localisation exacte des répondants tout en conservant un haut degré de précision géographique.
Quels outils peut-on utiliser pour produire/publier des données de localisation ?
Certaines organisations, notamment la Banque mondiale et le PNUD, ont expliqué que leurs systèmes internes de gestion de projet permettaient aux chefs de projet de saisir des informations de localisation et qu’ils étaient généralement connectés à GeoNames (base de données géographiques et nomenclature) pour générer les autres informations nécessaires à une publication conforme à la norme de l’IITA.
Development Gateway a également créé l’outil Autogeocoder, qui permet de télécharger des documents contenant des informations de localisation. Cet outil parcourt l’ensemble des documents et suggère des localisations à l’utilisateur, qui peut les valider ou les compléter par des informations supplémentaires. Il a été incorporé à l’outil Publisher’s Toolchain de l’Initiative sur le financement transparent de l’agriculture, et un outil de géocodage autonome sera bientôt lancé ; ce dernier intégrera l’autogéocodage dans une plateforme de géocodage manuel existante. Cet outil open source sera mis à la disposition des organisations, qui pourront le raccorder à leur propre système ou utiliser le système autonome dans leurs processus. Nous sommes impatients de vous présenter cet outil dès qu’il sera en ligne !