Entretien avec David Megginson, Responsable des normes auprès du Centre des données humanitaires de l’OCHA, au sujet du projet pilote pour inclure les données de l’IITA sur le site Humanitarian Data Exchange (HDX).
Qu’est-ce que le site Humanitarian Data Exchange ?
Le site Humanitarian Data Exchange (HDX) est une plateforme ouverte pour partager des données en situations d’urgence et entre organisations. Géré par le Centre des données humanitaires de l’OCHA, HDX facilite la recherche de données humanitaires et leur utilisation dans le cadre d’analyses. Les usagers sont membres d’une communauté qui recoupe des données provenant de différentes organisations œuvrant dans le secteur de l’action humanitaire.
Quelles données peut-on trouver sur le site Humanitarian Data Exchange ?
Le site HDX présente une grande variété de données humanitaires provenant à la fois des opérations et des rapports établis, portant aussi bien sur les frontières géographiques et les évaluations des besoins que sur la biomasse et les réseaux routiers. L’objectif consiste à regrouper différents types de données et à en faciliter l’accès et l’utilisation par les membres de la communauté humanitaire lorsqu’ils interviennent en situations de crise. À titre d’exemple, un utilisateur pourra accéder rapidement à toutes les données du site HDX relatives à un pays sur les pages consacrées à ce pays. Et pour certains pays, la nouvelle fonctionnalité grille de données affiche les principales données disponibles et met en évidence celles qui doivent encore être mises à disposition.
À ce jour, environ 250 organisations ont partagé des informations sur leur travail humanitaire, alimentant ainsi près de 9000 ensembles de données. Les utilisateurs peuvent consulter des données au moyen de cartes interactives, télécharger des ensembles de données individuels dans des formats courants lisibles par ordinateur et trouver des liens pour obtenir des informations complémentaires.
Pourquoi avoir inclus les données de l’IITA sur le site HDX ?
Nous avons souhaité rendre les données de l’IITA plus visibles et faciles d’accès, notamment pour les utilisateurs du site HDX. Nous savons qu’un très grand nombre de données relatives à l’aide publiées conformément à la norme de l’IITA peuvent se révéler précieuses pour les intervenants de l’aide humanitaire.
Premièrement, nous avons souhaité rendre les données de l’IITA plus visibles et faciles d’accès, notamment pour les utilisateurs du site HDX. Nous savons qu’un très grand nombre de données relatives à l’aide publiées conformément à la norme de l’IITA peuvent se révéler précieuses pour les intervenants de l’aide humanitaire. C’est le cas notamment des données relatives à des organisations qui mettent en œuvre des projets de développement à proximité d’une zone touchée par une situation de crise humanitaire. La plupart de ces informations substantielles concernant des projets de développement n’existent vraisemblablement qu’au niveau de l’IITA. Or de nombreux intervenants en ignorent sans doute l’existence ou ne savent pas comment y accéder ou comment les utiliser. C’est Roderick Besseling du ministère du Développement international du Royaume-Uni qui, le premier, a exposé cette idée au Centre des données humanitaires de l’OCHA. Il a soutenu cette collaboration lors de toutes ses étapes.
Dans un deuxième temps, le Centre a souhaité soutenir la norme de l’IITA, dans le cadre de notre mission fondamentale visant à défendre et à promouvoir la mise en place de normes en matière de données relatives à l’aide. Ayant depuis toujours reconnu l’importance de l’IITA pour la transparence et la coordination du secteur de l’aide humanitaire au sens large, nous avons décidé de piloter l’intégration des données de l’IITA au site Humanitarian Exchange Language (HXL). Cette norme plus simple applicable aux données humanitaires est actuellement utilisée sur la plateforme HDX et par d’autres organisations pour accroître la vitesse et l’interopérabilité de données humanitaires génériques. Nous sommes jusqu’ici satisfaits des résultats et espérons que la collaboration entre les deux normes puisse être approfondie à l’avenir.
À quels acteurs sont destinées ces données ?
Nous souhaitons que les intervenants en situations de crise humanitaire utilisent ces données afin de mieux connaître les projets de développement qui sont menés dans les pays où ils opèrent, parfois à quelques minutes seulement du lieu où ils se trouvent. Par exemple, lors d’une épidémie virale, les intervenants peuvent comprendre quels professionnels de santé et quelles fournitures sont déjà disponibles sur place dans le cadre de projets d’aide au développement déployés dans les pays touchés. À partir de ces informations, ils pourront mieux coordonner leur réponse avec d’autres acteurs déjà présents sur le terrain.
Nous souhaitons que les intervenants en situations de crise humanitaire utilisent ces données afin de mieux connaître les projets de développement qui sont menés dans les pays où ils opèrent, parfois à quelques minutes seulement du lieu où ils se trouvent.
Les organismes multilatéraux et les ONG qui œuvrent dans le secteur de l’action humanitaire coordonnent déjà leur travail par le biais de « clusters » axés sur certains domaines comme l’éducation ou la santé. Malheureusement, cette coordination se cantonne trop souvent à ce secteur. Pour le secteur de l’aide humanitaire et du développement international, le partage et l’utilisation de données par le biais de l’IITA est ce qui se rapproche le plus vraisemblablement d’une coordination.
Alors que la frontière entre l’aide humanitaire et l’aide au développement peut être floue, il y a bel et bien une différence entre la communication et la coordination. Rendre les données de l’IITA disponibles pour les intervenants de l’action humanitaire dans un format qu’ils ont l’habitude d’utiliser (feuilles de calcul) constitue une première étape pour combler cet écart, aussi modeste soit-elle.
Concrètement, comment les données de l’IITA ont été rendues compatibles pour être utilisées sur le site HDX ?
Nous avons intégré une version simplifiée des données de l’IITA sur la plateforme HDX, avec d’autres données relatives à l’aide pour un même pays (chiffres de référence, évaluations des besoins, rapports d’activité, listes d’installations, prix des denrées alimentaires, etc). Pour relier les données de l’IITA aux données existant sur la plateforme, nous avons ajouté des balises pour garantir l’interopérabilité avec HXL pour les catégories d’informations élémentaires (telles que les dates, les secteurs, les lieux et les organisations). Pour aider les utilisateurs à trouver des ensembles complets de données, nous avons indiqué des liens vers d-portal, la plateforme de recherche en ligne de l’IITA.
Le projet pilote avait porté sur des données de l’IITA sur le Népal et la République démocratique du Congo. S’étant révélé concluant, nous l’avons étendu à 244 pays et entités se rapprochant d’un pays.
Le projet pilote avait porté sur des données de l’IITA sur le Népal et la République démocratique du Congo. S’étant révélé concluant, nous l’avons étendu à 244 pays et entités se rapprochant d’un pays.
Comment les utilisateurs accèdent-ils aux données ?
Les utilisateurs peuvent voir un résumé des données grâce à Quick Charts, un outil générant des aperçus dans la partie supérieure de chaque page d’ensemble de données.
De nombreux intervenants du secteur de l’action humanitaire souhaiteront néanmoins télécharger les ensembles de données afin de pouvoir les analyser dans un programme de feuilles de calcul ou de les recouper avec d’autres données humanitaires. Les formats des feuilles de calcul ne sont pas aussi riches que le langage de balisage XML original de l’IITA, c’est pourquoi nous proposons deux types différents de captures :
- un fichier CSV composé d’une ligne par activité, par exemple les activités de l’IITA au Népal (sans informations de lieux)
- un fichier CSV composé d’une ligne pour chaque activité et lieu (la même activité peut donc apparaître dans plus d’une ligne). Voir par exemple les lieux des activités de l’IITA au Népal
Pour ces deux options, les données utilisées proviennent en temps réel de d-portal, la plateforme de recherche de l’IITA, et sont donc toujours à jour.
Pour en garantir la pertinence, nous ajoutons également des étiquettes aux ensembles de données qui sont familières aux intervenants humanitaires (étiquettes à ne pas confondre avec les balises HXL dans les feuilles de calcul). Par exemple, la communauté humanitaire désigne une liste d’activités d’aide par « 3W » (qui-quoi-où, soit trois W en anglais) ou par « 4W » (qui-quoi-où-quand). Nous avons donc étiqueté tous les ensembles de données de l’IITA avec ces termes pour les faire apparaître dans les recherches.
Prévoyez-vous de travailler avec des données de l’IITA à l’avenir ?
Nous souhaitons explorer de nouveaux moyens de créer des ponts entre l’aide humanitaire et le développement international pour que les personnes dans le besoin bénéficient d’efforts d’aide internationale plus coordonnés et efficaces.
Nous prévoyons une mise à jour de Quick Charts sur HDX pour faire ressortir la part des interventions humanitaires et celle des activités de développement international et inclure ces données dans les feuilles de calcul simplifiées. Cette option est désormais possible puisque la plateforme d-portal s’affiche lorsque les intervenants humanitaires ont utilisé le « drapeau humanitaire » pour leurs activités. Nous surveillons également la sortie de la nouvelle banque de données de l’IITA, que nous voulons être parmi les premiers à utiliser.
De manière plus générale, nous souhaitons explorer de nouveaux moyens de créer des ponts entre l’aide humanitaire et le développement international pour que les personnes dans le besoin bénéficient d’efforts d’aide internationale plus coordonnés et efficaces. Nous attendons avec intérêt la possibilité, lorsqu’on utilise des identifiants de l’IITA, d’associer des ensembles de données comportant des champs balisés pour HXL aux activités qui les ont financés, pour une plus grande transparence pour les parties concernées.
Sans passer directement par HDX, le Centre des données humanitaires mène actuellement un projet pilote pour intégrer systématiquement les données de l’IITA dans le Service de surveillance financière de l’OCHA. Ce service est chargé de suivre les progrès concernant les exigences de financement pour les interventions humanitaires. Pour ce service de l’OCHA, travailler directement avec les données de l’IITA est un moyen d’inclure dans son suivi des données relatives au financement d’un plus grand nombre d’organisations, sans avoir à consulter les données publiées par les organisations humanitaires par le biais d’un canal supplémentaire.