Nous avons échangé avec John Adams (ministère du Développement international du Royaume-Uni et président du Groupe consultatif technique de l’IITA), Pelle Aardema et Herman van Loon (ministère néerlandais des Affaires étrangères) et Martin Akerman (UNFPA) afin d’évoquer les progrès réalisés dans le cadre de leur projet multipartite visant à améliorer la traçabilité.
En 2016, plusieurs membres de l’IITA, notamment les Pays-Bas, le Royaume-Uni et l’UNFPA, ont convenu de redoubler d’efforts afin d’améliorer la traçabilité. Ensemble, ils ont réfléchi aux moyens d’utiliser les données de l’IITA afin de suivre les fonds alloués au développement d’une organisation à une autre à travers des chaînes d’acheminement complexes.
À ce jour, plus de 600 organisations ont publié des informations sur leurs dépenses et leurs activités humanitaires et de développement dans le cadre de l’IITA. La norme de l’IITA joue un rôle important en faveur de la traçabilité puisqu’elle permet aux organisations de communiquer de manière comparable des données essentielles telles que les transactions financières, les organisations participantes, les résultats, la localisation géographique et les objectifs thématiques de leurs projets.
De nombreuses organisations de développement international publient et utilisent activement les données de l’IITA depuis un certain temps. Cependant, malgré les progrès réalisés, elles ne sont pas parvenues à établir des liens entre les activités menées par différentes organisations–, de façon à pouvoir rattacher la contribution d’un donateur aux activités communiquées par un partenaire en aval de la chaîne d’acheminement.
La « traçabilité » désigne cette possibilité de suivre les activités d’un bout à l’autre des chaînes d’acheminement.
Pourquoi la traçabilité est-elle importante ?
La traçabilité est un élément essentiel du suivi des résultats ou de l’impact des projets, qui influence de plus en plus les décisions de financement dans ce secteur.
Auparavant, les dépenses et les rapports de fin d’année étaient traités manuellement, et les corrélations entre les dépenses et les effets étaient approximatives dans la plupart des cas. Cela a évolué grâce à l’adoption d’approches de gestion axée sur les résultats (loi de modernisation du Government Performance and Results Act aux États-Unis et autres exemples dans le monde entier) et aux systèmes d’information publique plus rapides qui commencent à faire leur apparition au sein des gouvernements depuis quelques années.
Aujourd’hui, les budgets sont liés à des cibles spécifiques, et la possibilité d’exploiter les systèmes d’information et les données ouvertes des différentes organisations permet aux partenaires de gérer et de coordonner beaucoup plus rapidement des volumes de données plus importants concernant les risques et les résultats.
Si l’on cherche à établir les prochaines tendances en matière de financement du développement, le secteur humanitaire fait figure de fer de lance : dans ce domaine, presque toutes les décisions de financement sont motivées par les besoins existants et l’on s’attend à ce que les difficultés émergentes et les résultats soient communiqués en temps réel. Nous nous efforçons d’instaurer une culture de confiance et d’optimisation des ressources pour ce moment décisif.
Quels ont été les progrès réalisés en matière de traçabilité ?
Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA)
Après plusieurs sessions de mobilisation des donateurs, l’UNFPA a pu connecter les banques de données de différentes organisations utilisatrices de l’IITA, garantissant ainsi une assurance et une traçabilité inégalées quant aux activités financées par les ressources de base.
Si les donateurs ont la possibilité de fournir leurs identifiants d’activité IITA à l’UNFPA, ils pourront suivre les résultats obtenus et les données financières, ce qui leur permettra de surveiller les versements effectués tout au long de la chaîne d’acheminement : le pays concerné, les secteurs/domaines thématiques identifiés suivant les codes établis par le CAD de l’OCDE et les ODD, les dépenses budgétaires prévues, ainsi que les documents relatifs à l’exécution et à l’évaluation du programme.
Afin d’assurer la traçabilité d’un bout à l’autre de la chaîne d’acheminement, l’UNFPA encourage ses partenaires de mise en œuvre à publier des informations concernant leurs activités de développement dans le registre de l’IITA, en mentionnant les codes d’identification IITA de l’UNFPA.
L’expérience pilote sur la traçabilité a permis à l’UNFPA de démontrer sa capacité à simplifier la collecte d’informations, à éviter les doubles emplois, à réduire la traditionnelle saisie manuelle des données et à faciliter une meilleure coordination des activités de développement.
Ministère néerlandais des Affaires étrangères
Depuis le 1er janvier 2016, la Direction générale de la coopération internationale du ministère néerlandais des Affaires étrangères impose à ses partenaires, sous-traitants et fournisseurs de rendre compte de l’ensemble de leurs activités d’aide publique au développement d’un montant de plus de 250 000 euros conformément à la norme de l’IITA.
Ces deux dernières années, la DGIS a collaboré avec de nombreuses organisations partenaires afin de publier des données au format de l’IITA conformément à nos directives de publication. Ces dernières décrivent différents cas d’utilisation, notamment le financement des programmes, un domaine dans lequel la traçabilité est un élément essentiel pour comprendre la situation.
La DGIS est actuellement en mesure de traiter automatiquement les données IITA de plus d’une centaine de partenaires–, notamment d’importantes ONG et plusieurs organisations multilatérales–, et de nombreux autres partenaires s’efforcent de publier des données de la meilleure qualité possible, avec l’aide du service d’assistance du ministère chargé des données ouvertes. Les données des partenaires sont ensuite reliées aux données ouvertes de la DGIS et affichées dans un tableau de bord conçu sur mesure, « METIS ».
Les agents chargés des politiques de la DGIS utilisent ces tableaux de bord pour suivre et évaluer l’avancement des activités qu’ils soutiennent. De nombreux partenaires ont commencé à publier des données relatives à leurs résultats suivant la norme de l’IITA. Les visualisations fondées sur les données de l’IITA et les tableaux de bord METIS donnent également un aperçu de la complexité de certaines des activités et du réseau des différentes organisations impliquées, ce qui accroît la transparence des relations entre ces dernières. Les connexions au sein du réseau sont calculées suivant les transactions opérées entre les organisations.
Au cours des prochains mois, le ministère néerlandais des Affaires étrangères s’emploiera à mettre à jour les directives de publication en étroite collaboration avec le DFID et d’autres donateurs et partenaires. D’autres travaux sont menés afin de créer des aperçus thématiques ou par pays à partir des données disponibles.
Ministère du Développement international du Royaume-Uni
Le Royaume-Uni, tout comme les Pays-Bas, impose à toutes les organisations qui bénéficient de financements destinés au développement international de publier des informations sur leurs activités suivant la norme de l’IITA. Le DFID, en étroite collaboration avec une équipe de Zimmerman & Zimmerman et Open Data Services, a fait le point sur nos principaux partenaires afin de savoir quelles organisations publient des données IITA et si elles reçoivent des financements du DFID, mais également de déterminer la faisabilité de cartes de traçabilité.
Nous avons élaboré des outils visant à étudier la chaîne d’acheminement, afin de réaliser par exemple des diagrammes permettant de visualiser les différentes activités mises en œuvre tout au long de la chaîne.
La prochaine étape consiste à intégrer ces chaînes d’acheminement dans des outils internes, ce qui permettra aux chefs de programmes du DFID de visualiser les données produites par les partenaires et d’utiliser ces informations pour mesurer les progrès accomplis, remettre en question la qualité des données et mieux appréhender la complexité de leurs programmes. Les chaînes d’acheminement seront aussi intégrées dans le Development Tracker, de sorte que les partenaires pourront également utiliser les données afin d’établir des liens et d’améliorer la qualité.
En parallèle, nous publierons des directives actualisées destinées à aider nos partenaires à publier leurs activités conformément à la norme de l’IITA dans une optique de traçabilité.