Cet article a été rédigé par Paige Kirby, de Development Gateway, à la suite du lancement, la semaine dernière, de Results Development Initiatives ( RDI ).
En tant que communauté du développement œuvrant à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), nous sommes prêts à investir des milliards de dollars dans la collecte de données sur les indicateurs de résultats connexes. Ces données sont censées accroître l’efficacité et l’efficience des projets.
Mais les investissements portent-ils réellement leurs fruits ? À quoi doit ressembler la gestion des résultats à l’avenir ?
Dans le contexte de Results Development Initiatives (RDI), soutenue par la Fondation Bill et Melinda Gates, nous avons, pendant ces 12 derniers mois, réfléchi à la manière de mieux recueillir, partager et utiliser les données relatives aux résultats. Nous avons circonscrit nos recherches à trois pays (Ghana, Sri Lanka et Tanzanie) et à deux secteurs (santé et agriculture), et adopté deux angles d’analyse :
- un angle qualitatif, axé sur une approche ascendante, qui accorde une importance particulière aux organisations et aux gouvernements locaux ;
- un angle quantitatif, fondé sur une approche descendante, qui analyse les données relatives aux réalisations et aux résultats publiés par les principaux organismes de développement.
Approche ascendante…
Les rapports consacrés au Ghana , à la Tanzanie et au Sri Lanka présentent des conclusions qualitatives complètes sur chaque pays, mais, plus globalement, nous avons relevé quatre thèmes dominants revêtant une importance cruciale pour la communauté des données ouvertes :
- Nous recueillons trop de données. Les prestataires de services de première ligne consacrent trop de temps à la collecte de données inutiles qui n’étayent aucune prise de décisions. Nous invitons vivement nos homologues à évaluer de manière critique les indicateurs qu’ils recueillent et utilisent ainsi que leur coût .
- Nous ne fournissons pas encore aux acteurs locaux les outils leur permettant d’utiliser de manière pertinente les données dans la planification et la gestion des projets. En tant qu’initiative à but non lucratif visant à fournir ce type de technologie, nous prenons à cœur cet aspect et examinons d’un œil critique les options permettant de mieux faciliter l’analyse au niveau local. À l’heure actuelle, la plupart des outils de données sont loin d’atteindre cet objectif.
- Les mesures d’incitation, souvent reconnues mais rarement discutées, sont essentielles pour promouvoir l’utilisation des données. Dans les structures existantes, les utilisateurs de données ne sont pas systématiquement récompensés par des promotions, une reconnaissance ou autres mesures d’incitation. L’existence de quelques utilisateurs de données « chevronnés » et ministères nationaux érigeant la performance en référence, louant les utilisateurs de données exceptionnels et dont la rhétorique prépondérante a encouragé l’utilisation de données ne doivent pas nous faire oublier que nous pouvons et devons faire mieux.
- Enfin, on note un manque de connexion entre les collecteurs et les utilisateurs de données – ce qui nuit à l’utilisation et à la qualité de ces dernières. Les fonctionnaires subalternes doivent souvent recueillir des données sans pour autant savoir, le plus souvent, comment elles peuvent et doivent être utilisées, d’où une appropriation et une utilisation insuffisantes. Nous encourageons les fonctionnaires de haut niveau à fournir aux acteurs locaux davantage d’informations sur la valeur et les utilisations des données.
Approche descendante…
D’un point de vue quantitatif, nous nous sommes interrogés sur notre capacité à dresser un tableau global des résultats obtenus par les principaux partenaires du développement. À l’instar de nombreuses organisations, nous pensons qu’une vue d’ensemble des activités de développement peut aider tous les acteurs à investir de manière plus efficace et efficiente.
Notre équipe a « rassemblé » les données relatives aux réalisations et aux résultats obtenus par 17 donateurs majeurs en dix ans . Nous avons consacré des centaines d’heures à mettre en rapport les indicateurs et conclu qu’il n’était pas vraiment pertinent de répéter cet exercice à l’avenir.
Néanmoins, les organismes de développement peuvent entreprendre certaines mesures élémentaires pour rendre leurs résultats plus accessibles et comparables.
Concrètement, nous avons relevé cinq domaines prioritaires susceptibles de contribuer à l’obtention de données plus précises, plus représentatives et plus informatives. Nous organisons actuellement des consultations individuelles avec les partenaires du développement et d’autres acteurs souhaitant mieux connaître notre méthode et améliorer la communication de données relatives aux résultats.
Et ensuite ?
À l’heure où nous cherchons des solutions de développement plus pointues et plus durables, la collecte et l’utilisation plus performantes de données relatives aux résultats n’en deviennent que plus importantes. À court terme, tout commentaire sur les conclusions de RDI est le bienvenu – posez-nous des questions, dites-nous si l’information vous semble utile ou racontez-nous vos expériences personnelles en la matière. Dans l’immédiat et à long terme, nous continuerons d’évaluer de quelle manière nous pouvons, en tant qu’acteurs du développement, encourager davantage l’utilisation des données, et vous invitons à vous joindre à nous dès maintenant.