Cet article a été rédigé par Mark Brough, président du Groupe de travail sur l’utilisation des données de l’IITA.
Ces dix dernières années, divers acteurs se sont mis à publier des données sur leurs activités humanitaires et de développement, conformément à la norme de l’IITA. Ces données, en permettant aux acteurs de prendre de meilleures décisions, peuvent améliorer le fonctionnement du système d’aide au développement et d’assistance humanitaire. Toutefois, ce potentiel ne pourra être exploité que si ces données sont davantage utilisées.
En 2021, de nombreux acteurs différents ont contribué à accroître l’utilisation des données de l’IITA, notamment le Secrétariat de l’Initiative, le Groupe de travail sur l’utilisation des données, ainsi que plusieurs membres de la communauté de l’IITA. Nous allons ici évoquer les progrès réalisés au regard du Plan d’action sur l’utilisation des données, élaboré dans le courant de l’année par le Secrétariat en collaboration avec le Groupe de travail sur l’utilisation des données. Ces progrès sont le fruit des efforts collectifs déployés par l’ensemble des acteurs et nous remercions toutes les personnes qui y ont participé cette année. Dans chaque partie, nous avons formulé plusieurs recommandations pour 2022 à l’intention du Secrétariat, du Groupe de travail sur l’utilisation des données et de la communauté de l’IITA.
Mieux comprendre les obstacles à l’utilisation des données
Plusieurs activités entreprises cette année nous ont permis de mieux connaître les obstacles à l’utilisation des données. Le recensement des besoins des utilisateurs et les études sur l’expérience utilisateur réalisés par le Secrétariat en prévision du futur portail de données sont des outils importants pour mettre au point une stratégie de réduction des obstacles dans un avenir proche. Les retours d’information concernant l’outil dédié aux données nationales sur le financement du développement ont permis d’améliorer cet outil et de simplifier son utilisation, notamment en y intégrant des données dans différentes devises et différentes langues.
La communauté de l’IITA a également apporté de précieuses contributions. L’étude de l’organisation Publish What You Fund consacrée à l’autonomisation économique des femmes et à l’amélioration de la transparence du financement de l’égalité des genres a mis en évidence plusieurs difficultés concernant les données et les outils existants. Le Centre for Humanitarian Data du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a communiqué des enseignements tirés de son projet de visualisation des données relatives à la COVID-19.
Pour 2022, le Groupe de travail sur l’utilisation des données recommande de mettre davantage l’accent sur les aspects suivants :
- tenir compte des retours d’expérience ci-dessus lorsque le Secrétariat recensera et hiérarchisera les problèmes relatifs aux données ;
- partir systématiquement des retours d’expérience sur les difficultés techniques pour améliorer les outils mis en place par le Secrétariat et par la communauté ;
- mieux comprendre les problèmes rencontrés en matière d’intégration des systèmes (SGIA, notamment) ou envisager d’autres solutions que l’intégration ;
- faciliter la prise en main des données pour les utilisateurs débutants, puis en faire un argument de sensibilisation ;
- encourager les bureaux de pays des signataires à utiliser leurs propres données (suivant les recommandations formulées dans l’étude sur les mécanismes de retour d’informations) et encourager les signataires à utiliser les données de leurs partenaires.
Faire en sorte que tous les utilisateurs puissent accéder aux données dont ils ont besoin
Un travail colossal a été entrepris pour améliorer l’accès aux données de l’IITA. Le Secrétariat a ainsi lancé et mis à jour l’outil dédié aux données nationales sur le financement du développement. Le Datastore Classic a été créé grâce aux efforts de la communauté, puis financé par le Groupe de travail sur l’utilisation des données.
Un rapport d’Open Data Watch publié dans le courant de l’année 2021 recommandait en particulier que les données de l’IITA soient disponibles dans un plus grand nombre de langues. L’interface de l’outil dédié aux données nationales sur le financement du développement, ainsi que les données qui y figurent, sont ainsi disponibles en français, en espagnol et en portugais : c’est la première fois que les données de l’IITA sont facilement et totalement accessibles dans ces langues. L’interface du Datastore Classic est désormais disponible en anglais, en français et en portugais, grâce à l’aide apportée par la communauté. Nous avons également tenté de traduire le site Code for IATI (Codes de l’IITA) à l’aide de la plateforme Transifex.
L’accessibilité des données de l’IITA a également été améliorée par diverses contributions de la communauté. iati.cloud traite désormais toutes les données de l’IITA au format XML en moins de deux heures, et toutes les données de l’IITA sont disponibles et peuvent être interrogées sur la plateforme AIDA. Enfin, D-Preview permet aux signataires de télécharger leurs propres données et de les visualiser avant de les publier.
Le Secrétariat continue d’œuvrer au développement de l’API de la banque de données de l’IITA, qui devrait être lancée à la mi-janvier 2022.
Pour 2022, nous recommandons de mettre davantage l’accent sur les aspects suivants :
- proposer une politique de traduction et imaginer un moyen de faciliter et renforcer à l’avenir les contributions des membres de l’IITA dans d’autres langues. Nous devons également réfléchir aux ressources nécessaires et aux modalités de mise en œuvre (par le biais du Secrétariat, d’écoles de langues ou en faisant appel au volontariat, par exemple) ;
- veiller à ce que les outils, nouveaux et existants, répondent aux problèmes recensés par l’étude mentionnée dans le premier objectif ci-dessus (Mieux comprendre les obstacles à l’utilisation des données) afin de réduire les obstacles à l’utilisation ;
- demander aux fournisseurs des différents outils de s’engager clairement sur la durée de disponibilité de leurs outils. Les utilisateurs doivent connaître les capacités de chaque outil et savoir quel prestataire assure ce service ainsi que le niveau de service auquel ils peuvent s’attendre.
Améliorer la compréhension des données et renforcer la capacité à les utiliser
Cette année, nous avons accru l’appui direct apporté aux utilisateurs et amélioré nos documents d’information consacrés à l’utilisation des données et des outils de l’IITA. Le Secrétariat a assuré une assistance directe auprès des utilisateurs de données de tous les groupes de parties prenantes. Des formations spécifiques sur l’utilisation de l’outil dédié aux données nationales sur le financement du développement ont été dispensées aux pays partenaires. Le Secrétariat a également créé la page Data Use Query Corner sur la plateforme IATI Connect et organisé des séances ouvertes sur l’utilisation des données.
Le Groupe de travail sur l’utilisation des données prépare actuellement une formation destinée aux organismes de la société civile ainsi que des vidéos sur l’utilisation de l’outil dédié aux données nationales sur le financement du développement et du Datastore Classic.
Pour 2022, nous recommandons de mettre davantage l’accent sur les aspects suivants :
- imaginer un moyen d’accroître la participation aux séances ouvertes sur l’utilisation des données et le recours à la page Data Use Query Corner ;
- étudier l’intérêt des formations présentielles par rapport aux formations en ligne (notamment au regard des besoins des pays partenaires) ;
- veiller à ce que les initiatives nouvelles et existantes concernant les outils et l’aide aux utilisateurs répondent aux problèmes mis en évidence par l’étude sur les obstacles à l’utilisation des données.
Répertorier des exemples réels d’utilisation des données
Diverse organisations nous ont fait part de leur expérience en matière d’utilisation des données cette année, notamment dans le cadre de présentations devant le Groupe de travail sur l’utilisation des données et des échanges virtuels de la communauté de l’IITA, ce qui nous a permis de mieux comprendre leur utilisation concrète des données de l’IITA. L’outil d’analyse mis au point pour le rapport d’Open Data Watch fournit des informations en temps réel sur l’utilisation des outils proposés par le Secrétariat de l’IITA. Il montre notamment une demande latente à l’égard du Datastore Classic et de l’outil dédié aux données nationales sur le financement du développement, avec un téléchargement de données dans plus de 90 pays pour chacun de ces outils.
Les séances « éclair » organisées lors de la deuxième série d’échanges virtuels de la communauté de l’IITA et la séance consacrée à l’utilisation des données par les pays partenaires nous ont donné un aperçu de la manière dont les différents utilisateurs se servent des données. Des travaux menés par Development Initiatives et par Save the Children pour mieux comprendre l’impact de la réduction des aides britanniques ont imaginé de nouvelles méthodes d’utilisation des données de l’IITA. Enfin, cet entretien avec Plan International illustre la manière dont une organisation de la société civile utilise ses propres données et celles de ses partenaires directs pour créer des tableaux de bord internes et d’autres pour ses différents partenariats.
Pour 2022, nous recommandons de mettre davantage l’accent sur les aspects suivants :
- tirer des enseignements des exemples concrets d’utilisation et les appliquer à d’autres domaines de travail, notamment pour améliorer la qualité des données et la fonctionnalité des outils ;
- mieux comprendre comment recueillir et partager des informations sur ces exemples d’utilisation.
Merci à tous les collègues du Groupe de travail sur l’utilisation des données qui ont contribué à la rédaction de cet article.